Banque publique d’investissement (BPI) : la mauvaise idée

Les articles rédigés par Anne Michel (Le Monde daté du 16/10) et Yves de
Kerdrel (Le Figaro daté du 16/10) mettent en lumière les risques que représente le lancement
de la banque
publique d’investissement qui sera présentée le 16 octobre en Conseil des
ministres. C’était une des promesses du candidat Hollande. Pendant la campagne,
à chaque question posée sur l’industrie et sur nos entreprises, il répondait
inlassablement la même chose : « je créerai une banque publique d’investissement ».
Nous y sommes. Celle-ci, détenue à parité par l’Etat et par la Caisse des
dépôts et consignations, affichera dès le départ un bilan de 40 milliards
d’euros. Une force de frappe incontestable. Depuis le fiasco du Crédit
lyonnais, les pouvoirs publics n’ont jamais complètement abandonné l’idée
d’être banquiers.

Pourquoi cette BPI est une fausse bonne idée, donc une
mauvaise idée ?

D’abord parce-que OSEO et le FSI faisaient un travail efficace.
Que va apporter la BPI en plus ? Pas facile de répondre à cette question.

Ensuite, parce-que les problèmes principaux de notre économie ne sont
pas liés à un problème de financement (les encours de crédit aux entreprises
ont toujours augmenté année après année, malgré la crise) mais beaucoup
plus à un problème de compétitivité, ce que tout le monde (ou presque) reconnaît aujorud'hui.

Enfin parce-que les régions auront leur mot à
dire. C’est très inquiétant d’imaginer les présidents de région intervenir dans
le choix des entreprises à soutenir. Les réseaux divers et variés exerceront
des pressions pour soutenir telle ou telle entreprise non pas en fonction de
critères objectifs, mais plutôt sur fond de clientélisme local. L’appréciation
du risque (qui est au cœur du métier de banquier) pourrait n’avoir qu’une place
marginale dans l’engagement de la BPI pour laisser le champ libre à une
appréciation politique qui porte en elle de lourdes menaces. On imagine déjà
Bercy en train de téléphoner au directeur général de la BPI pour exiger
l’intervention de la banque
publique dans tel ou tel dossier. Inquiétant.

3 Comments

  • sam 24 novembre 2015

    La presse se fait aujourd’hui largement l’écho des attaques que portent les startups de la FinTech vers tous les métiers de la banque. Dans un court article pour Bank Innovation, Bernard Lunn prolonge cette perspective en montrant comment il serait désormais possible de fonder un établissement (presque) universel, sans licence…

  • diana 24 novembre 2015

    nvestir en dehors du système financier, c’est investir :
    Soit achetant un actif tangible pour espérer sa revalorisation dans le temps,
    Soit en investissant votre capital dans l’économie réelle (prêt d’argent à une entreprise ou investissement dans le capital d’une entreprise) qui transformera ce capital financier en croissance et donc en valeur pour l’investisseur.

  • christiane 24 novembre 2015

    Sortir du système bancaire et financier, c’est passer outre les intermédiaires pour profiter directement de la croissance de l’économie réelle. C’est même un retour aux sources !

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