Croissance française : franche déception

La croissance nulle au deuxième trimestre a fait l'effet d'une douche froide pour le gouvernement en dépit des dénégations de Michel Sapin pour qui "une croissance nulle conforte les objectifs du gouvernement". Souvenons-nous simplement qu'après le (très) bon chiffre du premier trimestre, ce même Michel Sapin s'était enflammé en affirmant que la croissance pourrait atteindre 1,5% en 2015. Autant le dire, c'est une hypothèse qui ne tient plus la route.

Quand on regarde le détail des chiffres publiés par l'Insee, on y découvre que le principal soutien à la croissance au deuxième trimestre provient de la demande externe qui contribue positivement à hauteur de +0,3 point (contre -0,3 au T1). Cette amélioration du solde extérieur s’explique à la fois par un ralentissement des importations (+0,6% t/t au T2, contre +2,2% t/t au T1), dû en grande partie à la diminution de la facture énergétique (-3,2 milliards d’euros au T2) et par une hausse des exportations : +1,7% t/t, après +1,3% t/t au T1. Cette dernière tendance s'explique par la baisse de l'euro. Par ailleurs, la demande interne (hors effet stocks) ne contribue que très très timidement à la croissance au deuxième trimestre, +0,1 point, après +0,6 point début 2015. Une faible contribution qui s’explique par la quasi-stagnation de la consommation des ménages (+0,1% t/t, contre +0,9% t/t au T1), mais également par une contraction du niveau de l’investissement (-0,3% t/t)  alors que celui-ci était stable au T1. L'investissement des entreprises ne repart pas, signe que la confiance n'est toujours pas revenue. Notons également que le bâtiment reste sinistré. La crise profonde que ce secteur traverse s'explique en grande partie par les décisions prises depuis le début du quinquennat (loi Duflot). C’est le seul secteur dans lequel le climat des affaires n’est pas encore parvenu à se redresser.

En dépit de vents très favorables, notre économie reste dans un contexte de reprise très poussive. Dans ces conditions et même si l'emploi salarié s'est redressé au deuxième trimestre, difficile d'imaginer avec une croissance aussi faible une baisse significative du chômage au cours des prochains trimestres. Or François Hollande a conditionné sa candidature en 2017 à cet indicateur.