La productivité : la clé du rebond économique.

Les candidats à l’élection présidentielle n’évoquent jamais la productivité lorsqu’ils parlent d’économie dans le cadre de la campagne. Il faut dire que ce mot « productivité » n’est pas forcément populaire. Par ailleurs, le sujet est un peu technique, donc difficile à porter dans les médias grand public. Pourtant, la ralentissement de la croissance de la productivité au cours de la dernière décennie dans les économies avancées est un facteur majeur de stagnation des revenus et impacte négativement la croissance potentielle.

Quand on parle de productivité, de quoi parle-t-on ? La productivité est généralement définie comme le ratio entre le volume de la production et l’utilisation des intrants (capital, travail) en volume. Elle mesure donc l’efficacité de l’utilisation des intrants dans une économie pour un niveau donné de production. On obtient des gains de productivité si les producteurs utilisent une quantité plus faible d’intrants pour produire une unité de production.

Par définition, il existe autant de mesures de la productivité que de facteurs de production mais l’indicateur le plus souvent utilisé concerne la productivité de la main d’oeuvre.

Les statistiques sur la productivité peuvent être compilées dans un cadre de la comptabilité de la croissance dans lequel la production (Y), le PIB réel par exemple, comme étant une fonction de production de Cobb-Douglas à deux facteurs, le travail (L) et le capital (K), et intégrant le niveau actuel des technologies (A).

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La variation de la production peut être causée par la variation de facteurs de production et de la technologie :

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où y est la variation logarithmique de la production, k et l sont les variations logarithmiques des intrants et PTF est la variation logarithmique des technologies. On pourrait ajouter l’indice temps pour être encore plus précis dans l’analyse.

La croissance de la productivité du travail (lp) se définit comme la croissance de la production diminuée de la croissance du facteur travail :

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En utilisant la formule, cette expression peut être rédigée de la manière suivante :

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Ce qui montre que  la productivité du travail est égale à la somme de l’augmentation du stock de capital par employé et de la PTF.

Voilà pour la partie définition. Ensuite, il convient d’essayer de comprendre les effets de l’affaiblissement des gains de productivité. Ils sont multiples : il affecte les revenus, l’épargne, les rendements des investissements. Les ménages anticipant une stagnation de leurs revenus sont tenter d’augmenter leur épargne. La baisse du taux de rendement du capital est un frein à l’investissement. Tout cela contribue évidemment à faire baisser les taux d’intérêts nominaux et réels. Dès lors, il est clair que les politiques publiques qui stimulent l’innovation vont dans le bon sens. Plusieurs facteurs peuvent impacter négativement la productivité. Le vieillissement de la population en est un exemple. La productivité relative des travailleurs plus âgés par rapport aux plus jeunes peut dépendre de leur état de santé. Mais cette idée a été contestée par Gary Burtless.

On aurait pu penser que la baisse des taux d’intérêt pouvait stimuler l’investissement, générer une augmentation du stock de capital par employé et donc une amélioration de la productivité. L’OCDE a montré en 2015 qu’en réalité le secteur a privé a donné la priorité au rétablissement du bilan et non aux investissements.

La productivité du travail est également impactée par la qualité du management, la formation professionnelle et lien entre rémunération et performance qui peut exister ou non.

Les récentes études sur la productivité montrent quels sont les éléments à même de la tirer vers le haut.

  • Le développement des échanges internationaux améliore la productivité. Les grands groupes internationaux sont plus productifs. Ils sont plus exposés aux nouvelles pratiques managériales, aux idées nouvelles et donc plus porteurs d’innovation.
  • Augmenter le niveau de la R&D si importante pour l’innovation, la création de valeur et de gains de productivité.
  • L’investissement public dans des infrastructures est de nature à générer des gains de productivité (exemple : les transports collectifs).
  • Une politique fiscale adaptée favorisant l’investissement et le R&D. Je profite de ce point pour rappeler cette évidence : surtaxer le capital comme nous le faisons en France c’est meilleur moyen de faire baisser de façon structurelle notre productivité et donc d’affaiblir durablement notre économie.