Le pouvoir d’achat en question,
C’est le sujet central qui occupe politiques, médias, salariés, retraités depuis plus d’un an puisque la question du pouvoir d’achat était au cœur de la campagne pour les présidentielles.
C’est un sujet complexe et mon analyse, je préfère vous prévenir tout de suite, va un peu à l’encontre de la pensée unique du moment qui, je simplifie, veut que le pouvoir d’achat ne cesse de se dégrader, que tous les prix flambent et que la situation ne peut qu’empirer.
Avant de vous livrer mon analyse, il faut se mettre d’accord sur la définition du pouvoir d’achat. Je vous propose donc de prendre la définition de l’Insee, disponible sur le site Internet de l’Insee :
Le pouvoir d’achat du salaire est la quantité de biens et de services que l’on peut acheter avec une unité de salaire. Son évolution est liée à celles des prix et des salaires.
C’est ainsi que, si les prix augmentent dans un environnement où les salaires sont constants, le pouvoir d’achat diminue alors que si la hausse des salaires est supérieure à celle des prix le pouvoir d’achat pourra augmenter.
La notion ici retenue est le salaire mais le raisonnement s’applique à l’ensemble des ressources (travail, capital, prestations familiales et sociales…).
Si l’on s’en tient à cette définition, le pouvoir d’achat mesuré par l’Insee augmente depuis plusieurs années.
Vous pouvez retrouver l’intégralité des chiffres ici
L’augmentation du pouvoir d’achat mesurée par l’Insee en 2006 a même atteint 2,3% en 2006….Bien sûr, comme toujours, certains contestent l’authenticité de ces chiffres et ne cessent de répéter qu’ils ne reflètent pas la réalité de la hausse des prix. Je note, comme toujours, que dès que des chiffres officiels contredisent la pensée unique du moment, ils sont aussitôt décrits comme étant faux.
De l’autre côté, vous avez des Français qui pensent que leur pouvoir d’achat recule depuis plusieurs années. Ce sentiment très fort est renforcé par le fait qu’à longueur de journée, tout le monde (médias, politiques, leaders d’opinion…) répète que le pouvoir d’achat recule, donc tout le monde finit par le penser. Dans l’inconscient collectif on aboutit à ce résultat : puisque tout le monde le dit, c’est que c’est vrai. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs fait de ce thème un des sujets majeurs de sa campagne.
Alors qui a tord et qui a raison ? L’Insee qui nous dit que le pouvoir d’achat augmente ou les Français qui pensent que leur pouvoir d’achat recule ?
Les deux ont raison……
Les analyses de l’Insee qui s’appuient sur des centaines de milliers de relevés de prix est crédible et fiable. Les dénigrer systématiquement au motif qu’elles vont à l’encontre du ressenti des Français est injustifié et presque populiste.
Par contre le ressenti des Français est réel puisque le pouvoir d’achat, au-delà de la définition évoquée plus haut, vécu par les Français résulte des revenus perçus moins les dépenses contraintes. Les dépenses contraintes sont les dépenses prélevées tous les mois sur votre compte, et le revevu disponible c’est l’argent qui reste pour consommer après avoir payé ses frais fixes. Exemple de dépenses contraintes : le loyer. Autre exemple, les impôts qui sont de plus en plus mensualisés (EDF GDF également). Les Français constatent, à juste titre, que la part de revenu disponible a diminué ces dernières années. Mais ce résultat est moins du à la hausse des prix qu’à de profonds changements dans les modes de consommation. Juste un exemple pour illustrer mon propos : les dépenses liées aux nouvelles technologies. Il y a dix ans, presque personne n’avait de téléphone portable. Aujourd’hui ce n’est plus un portable par ménage, ni même deux, mais plutôt trois ou quatre en fonction de l’âge des enfants. Or ces dépenses (en moyenne 40 euros par mois et par portable) sont prélevées directement sur le compte, soit en moyenne 160 euros par mois et par ménage. Vous pouvez y ajouter, Canal Plus (30 euros), Canal Sat (30 euros), la connexion Internet (30 euros) et vous avez au final un budget mensuel des ménages qui est amputé d’environ 250 euros par mois, dépenses qui n’existaient pas il y a quelques années. Ces dépenses viennent amputer le revenu disponible et alimente le sentiment de baisse de pouvoir d’achat. Pour l’anecdote, je discutais il y a peu avec un ami qui rencontre des difficultés financières et lorsque je lui ai soumis l’idée de résilier son abonnement de téléphone mobile (il dépense en moyenne 80 euros/mois), il m’a répondu « pas question ». Il préfère dépenser moins sur certains postes (alimentation par exemple). En gros, il préfère ne plus acheter de légumes que d’arrêter d’avoir un téléphone portable……..Pas question non plus pour lui d’arrêter Canal+.
Autre facteur qui renforce ce sentiment : l’augmentation des dépenses qui sont mensualisés et prélevées tous les mois : impôts, EDF, péage…..Toutes ces dépenses qui sont maintenant prélevées ne l’étaient pas il y a quelques années. Du coup, le revenu disponible, une fois tous ces prélèvements faits, diminue chaque année un peu plus.
Conclusion : oui le pouvoir d’achat augmente (très légèrement) et oui les Français ont moins d’argent disponible pour consommer. Ce constat, paradoxal en apparence, est le résultat de changements profonds dans notre façon de consommer.
Flavien Neuvy
Les temps changent. Les syndicats demandaient une augmentation du salaire; maintenant on réclame une augmentation du pouvoir d’achat. Mais le pouvoir d’acheter, c’est quoi? Celui de consommer du futile made in China.
Cette expression très tendance me choque; pourquoi ne pas parler du pouvoir de consommer?
Or, on n’achète pas son loyer et c’est pourtant ce poste qui est devenu le plus insupportable aux revenus modestes ou moyens . Quand on a payé son loyer que reste-t-il de son pouvoir d’achat? Le grand scandale: c’est le prix pour se loger qui est complétement « déconnecté ».
Une seule solution construire massivement pour faire effondrer les prix des spéculateurs et des marchands de sommeil.
Parenthèses pour illustrer:
Le plus grand scandale du logement; c’est Paris: on propose des appartements à 500 euros pour 10 mètres carrés .
Pour Paris, je suis d’accord avec ceux qui veulent construire des tours avec commerces, bureaux et logements; pas des clapiers. Paris défiguré? Mais , il faut n’avoir pas de goût pour trouver quelque chose de beau dans un tiers des quartiers de la capitale.
Paris transformé; mais Paris libéré.