Guy Môquet, polémique suite et fin,

Qui n’a pas entendu parler de la lettre de Guy Môquet adressée à ses parents juste avant d’être fusillé par les Allemands en 1941 ? Ce sujet a fait la une de l’actualité et toute la presse a évoqué la polémique qui a suivi. Je ne vais pas aborder la question de savoir s’il fallait faire lire cette lettre dans les écoles ou non, je suis plutôt réservé sur cette idée, mais je laisse le débat ouvert pour ceux qui voudront en discuter sur le Blog en laissant un commentaire.

Flavien NEUVY 

3 Comments

  • thierry 23 octobre 2007

    Lettre de Guy à sa famille – 22 octobre 1941
    mon tout petit frère adoré
    mon petit papa aimé »
    Ma petite maman chérie,
    « Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l’escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée.
    Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.
    17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine.
    Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d’enfant. Courage !
    Votre Guy qui vous aime
    Guy
    Dernières pensées : « Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !
    Dans cette lettre, tant d’amour et de nos jours tant de haine autour.
    Moi qui croyais que ces mots simples pourraient porter en eux l’amour.
    Moi qui croyais que la fraternité serait possible un jour.
    Moi qui croyais que les imbéciles changeraient un jour…
    Mon pauvre Guy MOCQUET et vous simples inconnus qui, un jour y avez cru,
    Non, malheureusement, la nature humaine ne changera jamais.
    Malheureusement les donneurs de leçons sont toujours aussi sourds à leurs propres discours.
    Oui vous,messieurs les détenteurs de la pensée unique,
    Vous les assassins de la vraie République,
    Vous qui pensez que vous avez seuls la bonne réponse, la POTION MAGIQUE,
    Je vous dis halte-là.
    Qui va là.
    Je vous dis…
    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
    Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
    Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
    Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
    Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
    Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
    Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
    Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite…
    C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
    La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
    Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rèves.
    Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève…
    Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
    Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
    Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
    Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute…
    Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
    Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh…
    Voila, c’était un petit commentaire sur la mort d’un grand homme…et la vilainie de certains.
    Merci Mr le Président et tenez bon…
    ENSEMBLE, nous résisterons…

  • Daniel 23 octobre 2007

    Je trouve anormal que le Président ou son Ministre de l’Education décident unilatéralement la lecture d’une lettre dans les lycées.
    Mais, je ne suis pas dupe . Je sais très bien que le refus de lire cette lettre de la part d’enseignants est avant tout un réflexe conscient ou inconscient de contestataires.
    Maintenant, pourquoi lire cette lettre plutôt qu’une autre? Parce que M Sarkozy a été ému par cette lettre. Alors , ce n’est pas une raison suffisante.
    Demander d’inscrire la lecture de cette lettre dans une action d’instruction civique non improvisée aurait été plus crédible.
    Maintenant, M le Ministre est un supérieur hiérarchique des enseignants et ces derniers doivent s’exécuter car il ne leur demande pas quelque chose de honteux.
    Résultat: une initiative maladroite et une réaction partisane.
    Score: Match nul pour l’ensemble de ces initiatives. Renvoyons le ballon à un spécialste de la question: M Laporte.
    En attendant, Guy Môquet est encore une fois, la victime innocente.

  • Flavien Neuvy 24 octobre 2007

    Henri Fertet né le 27 octobre 1926 à Seloncourt et mort le 26 septembre 1943 à Besançon, est un résistant français.
    Membre du Groupe Guy Mocquet, il est arrêté par les Allemands et fusillé le 26 septembre 1943 à 7 heures 36 à la Citadelle de Besançon, à l’âge de 16 ans, avec 15 de ses camarades.
    Il fut compagnon de la Libération à titre posthume (décret du 7 juillet 1945) mais aussi Chevalier de la Légion d’honneur. Il reçut également la Croix de Guerre 39/45, la Médaille de la Résistance, la Croix du Combattant Volontaire 39/45 ainsi que la Médaille des Déportés et Internés Résistants.
    Au matin de son exécution, il écrit une dernière lettre à sa famille. Cette lettre est un témoignage bouleversant.
    Besançon, prison de la Butte (Doubs)
    26 septembre 1943
    Chers parents,
    Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vu si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.
    Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, [ce] que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir sur moi votre tendre sollicitude que de loin, pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez douter de ce que je vous aime aujourd’hui, car avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être, après la guerre, un camarade parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué ; j’espère qu’il ne faillira point à cette mission désormais sacrée.
    Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement mes plus proches parents et amis, dites-leur toute ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et cousins, Henriette. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. À ce propos, Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jacquin, mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez le “Comte de Monte-Cristo” à Emeurgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice Andrey de La Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.
    Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon cher Papa, mes collections à ma chère maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.
    Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.
    Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.
    Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai “Sambre et Meuse” parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris.
    Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur les “trois petits nègres”, il en reste un. Il doit réussir.
    Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille.
    Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les quatre, bientôt au ciel. Qu’est-ce que cent ans ?
    Maman rappelle-toi :
    “Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs Qui, après leur mort, auront des successeurs.”
    Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir.
    Un condamné à mort de 16 ans.
    H. Fertet.
    Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire.
    Expéditeur : Monsieur Henri Fertet, Au ciel, près de Dieu.

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