L'économiste Christian Saint-Etienne vient de claquer la porte du Conseil d'analyse économique chargé de conseiller le gouvernement dans sa politique économique. Il explique les raisons qui l'ont poussé à agir de la sorte dans une interview au Figaro. Il se déclare "en opposition totale avec les options prises par le gouvernement, qui sont contraires aux idées que je défends en tant qu'économiste depuis plus de vingt ans, comme elles sont en contradiction avec les recommandations récentes de la Cour des comptes, de la Commission européenne ou encore du FMI et de l'OCDE". C'est clair. Pour tout vous dire, je partage largement les analyses de Christian Saint-Etienne. Le choc fiscal préparé par le gouvernement est violent : il prévoit 44,4 milliards d'impôts supplémentaires dont 32,7 milliards qui frapperont les entreprises. En plus de ces 32,7 milliards, il y aura également 13 milliards d'euros supplémentaires de cotisations sociales soit un total de 45,7 milliards d'euros soit plus de 2% du PIB. C'est invraisemblable, ce sera le choc le plus violent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Mais, comme l'a très justement rappelé Christian Saint-Etienne dans une tribune publiée dans le Figaro du 25 mai 2012, ce chiffre de 45,7 milliards d'euros est à comparer avec les 1230 milliards d'euros de valeur ajoutée de l'ensemble des entreprises en 2011 et surtout avec leur excédent brut d'exploitation : 317 milliards d'euros au total. Ce choc fiscal représente donc 14,4% de l'EBE total des entreprises. Cette politique suicidaire va affaiblir nos entreprises qui souffrent déjà des faiblesses structurelles de notre économie : poids des PO trop élevé, durée du travail trop faible, coût unitaire du travail trop élevé. J'avais évoqué tous ces sujets dans un récent texte. Au bout du compte, des entreprises affaiblies investissent moins, embauchent moins…La politique économique du gouvernement m'inquiète et je comprends que Christian Saint-Etienne n'ait pas souhaité participer à la mascarade.