La stratégie perdante de Bayrou
François Bayrou est le grand perdant de ce premier tour et il est temps pour lui et les dirigeants du MoDem de s'interroger sur la stratégie adoptée depuis 2007, stratégie perdante sans aucun doute. Quelle était cette stratégie ? Elle se résume au "ni droite, ni gauche, au centre" marquant une rupture avec ce qui a toujours fait le positionnement de l'UDF : le centre-droit. Cette décision prise après le deuxième tour de 2007 a conduit un nombre important d'élus du MoDem à quitter François Bayrou au moment des législatives de 2007 pour fonder le Nouveau Centre. A l'époque, François Bayrou misait sur l'explosion du PS et était convaincu qu'en 2012 son heure serait venue. Son heure n'est pas venue et son résultat est très décevant pour lui (9,1%). Un autre problème majeur se pose au parti centriste : il n'aura pas de groupe parlementaire à l'Assemblée nationale en juin prochain. Sans accord électoral, un parti qui fait 10% des voix n'a aucune chance d'exister à l'Assemblée. Or, le MoDem construit par Bayrou est un parti qui ne peut nouer aucune alliance sans exploser. Les enquêtes montrent qu'un tiers des électeurs de Bayrou va voter Sarkozy au deuxième tour, un tiers pour Hollande et un tiers va s'abstenir. Cette répartition est équivalente au niveau des dirigeants du parti. Si Bayrou appelle à voter pour l'un ou pour l'autre des candidats, il perd aussitôt les 2/3 de ses troupes. Il ne donnera donc aucune consigne de vote avant le deuxième tour et restera marginal dans le monde politique. C'est dommage car il y a un espace pour le centre-droit, en un mot, pour l'ex-UDF.