Le méchant Spéculas is back

Depuis quelques trimestres les prix des matières premières s'envolent. Que ce soit le blé, le maïs, le pétrole, les métaux et même le coton, tous les prix sont à des niveaux très élevés. Notons que dans certains cas, ces hausses sont de très bonnes nouvelles. Ainsi, la hausse des prix du coton vont engendrer des recettes supplémentaires pour les paysans burkinabés qui en produisent beaucoup. Mais globalement cette envolée des prix reste une menace majeure. En effet, les prix du carburant qui augmentent pèsent fortement sur le budget des ménages. Pour les matières premières alimentaires, c'est pire : si les prix deviennent insoutenables, nous assisterons de nouveau à des émeutes de la faim.

Alors bien sûr, les politiques doivent pouvoir présenter des coupables au peuple. Il faut toujours un responsable, le dénoncer puis expliquer que l'on va l'éradiquer. Dans le cas qui nous occupe, le coupable est tout trouvé : la spéculation. Vous savez, ce Spéculas (surnom que je lui attribue pour le rendre encore plus méchant), qui, pour faire de l'argent, joue avec la vie des gens. Nicolas Sarkozy l'a indiqué hier dans ses voeux à la presse : il faut combattre la spéculation. La hausse des prix du blé ? Spéculas. La hausse des prix du pétrole ? Spéculas. Du cacao ? Spéculas. Le coût de refinancement des Etats s'envole ? Spéculas…

La réalité est bien sur un peu plus compliquée. La spéculation n'est jamais la cause d'une hausse des prix. Elle est la conséquence d'un déséquilibre. La spéculation amplifie les mouvements mais n'est jamais la cause des déséquilibres. Prenons l'exemple du pétrole: les prix augmentent parce que la croissance mondiale est forte, la demande de pétrole est forte et les prix suivent, rien de plus logique. Le blé : les récoltes ont été épouvantables aux USA, les inondations en Australie ont des conséquences dramatiques et en Russie, les incendies de l'an dernier ont laminé les récoltes. Du coup le pays a décidé d'interdire les exportations…Guère surprenant de voir les prix monter. La question alimentaire d'une façon générale est stratégique pour les 50 ans à venir avec une population mondiale qui augmente et qu'il va falloir nourrir. Le cacao s'envole ? Merci Laurent Gbagbo : la Côte D'Ivoire n'exporte plus rien à cause de la crise politique qui secoue le pays. 

Bref, vous l'avez compris, les choses sont un brin plus compliquées qu'un simple "ce sont les spéculateurs qui sont responsables de tous nos problèmes". Mais la politique est ainsi faite qu'il faut envoyer des messages démagogiques, simplistes au peuple afin qu'il se sente protégé.

3 Comments

  • Daniel 26 janvier 2011

    Quand il y a pénurie ; les prix grimpent. Tout ce qui devient rare devient cher. Bien que cela n’est pas d’une logique implacable. Passons.
    Mais la spéculation amplifie ces hausses. La spéculation à comme sosies : ces personnages qui vendaient au prix fort les denrées manquantes pendant la seconde guerre mondiale. On peut retourner la spéculation dans tous les sens ; elle pue toujours.

  • Flavien Neuvy 26 janvier 2011

    La volatilité des prix (surtout celle des aliments) n’est pas une bonne chose. Mais on ne lutte pas contre ce point avec des discours démagogiques. Il faut renforcer les niveaux de production.

  • olivier 27 janvier 2011

    Pour ma part il faut CONSOMMER LOCAL, seule façon de se mettre à l’abri de la volatilité des cours mondiaux des matières premières alimentaires. Encourageons les circuits courts (AMAP, marchés de producteurs…)

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