Allocation d’autonomie pour les étudiants : la fausse bonne idée
Le projet socialiste pour la prochaine élection présidentielle reprend une ancienne revendication des mouvements étudiants de gauche à savoir la création d'une "allocation d'autonomie" pour les étudiants. L'idée serait de permettre à tous les étudiants de pouvoir se consacrer entièrement à leurs études sans avoir à se préoccuper de trouver l'argent pour financer les dépenses du quotidien. En clair, ne plus avoir à travailler pendant les vacances ou les week-end. Encore une fausse bonne idée du PS, véritable spécialiste du genre. Alors pourquoi est-ce une si mauvaise idée ? D'abord parce-que les aides pour les étudiants les plus démunis existent déjà : ce sont les bourses. Ensuite parce que tous les autres parents sont déjà aidés par l'Etat avec l'application dans le calcul de leur impôt de la demi-part fiscale par enfant. On ne peut pas créer un dispositif sans supprimer les deux que je viens de citer mais le PS reste très discret sur ce point. Autre élément : le coût d'une telle mesure. Dans un éditorial dans le magazine Challenges, Richard Descoing estime le coût d'une allocation de 300 euros par mois et par étudiant à 8 milliards d'euros. Si une telle allocation était mise en place, on peut parier qu'elle serait plutôt autour 500 euros par mois soit un coût d'environ 15 milliards d'euros. Le budget total de l'enseignement supérieur est de 30 milliards…Le PS va donc proposer de l'augmenter de 50%, à l'heure où les caisses sont vides ? Pas crédible. J'ajoute que faire financer cette allocation par l'impôt reviendra, par définition, à demander au contribuable de payer. Donc, le jeune de 22 ans qui aura décidé de se professionnaliser et qui sera entré tôt dans la vie active comme plombier par exemple, va payer pour permettre aux étudiants de faire la fête le week-end. Moralement inacceptable. Pour finir, j'ajoute un autre point : en réalité, cette "allocation d'autonomie" porte mal son nom et devrait s'appeler "allocation dépendance". Oui car les étudiants deviendront complètement dépendants de l'Etat d'un point de vue financier. C'est nuisible et on image facilement que nombreux seront ceux qui rajouteront une année d'études de plus, puis une autre, puis encore une autre…pour profiter pleinement du système.
Les étudiants Danois bénéficient déjà d’une allocation de plus de 700€ par mois s’ils ne vivent pas chez leurs parents. Au Danemark, où les frais de scolarité sont nuls et où les étudiants bénéficient d’aides publiques considérables, les taux de réussite (82 %) sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE.
Ce serait républicain d’instituer ce genre d’aide en France; actuellement les étudiants qui n’obtiennent pas de diplômes sont ceux dont les parents ne peuvent payer les études de leurs enfants.
Bien sûr le coût en serait élevé: il serait possible de n’accorder ces aides que sous forme d’emprunt que les anciens étudiants, nouveaux dans la vie active rembourseraient sur leur salaire. De même, il faudrait limiter cette aide à 4 ans par exemple et sous réserve de réussite aux études pour éviter l’abus du système.
C’est une solution réelle pour permettre à chacun d’avoir des chances égales de réussir ses études et sa future vie professionnelle.
Quant au plombier dont vous parlez, il pourrait reprendre des études plus facilement; d’ailleurs ne fait-il pas la fête lui-même le week-end?
Combien de jeunes sortent avec un master2 ou plus sans perspective de travail car leur diplôme correspond à des emplois inexistants ou saturés?
La FAC est dans la majorité des cas une fabrique de désillusions et de rancoeurs.
Mais dès qu’on veut s’attaquer à ce jeu de massacre ; on est traité de réactionnaire.
Dans le même temps , on conserve un numérus clausus en médecine pour faire plaisir aux médecins (pas d’hypocrisie svp) et on se retrouve sans médecin.
@ Daniel : parfaitement d’accord
@ Grégory : je suis réceptif à certains de vos arguments (limitation dans la durée). Mais dans le cas du remboursement une fois dans la vie active, cela voudrait dire qu’un étudiant qui aurait bénéficié d’une allocation pendant 4 ans commencerait dans la vie avec une dette de 24000 euros (500 euros sur 12 mois = 6000 euros pas an sur 4 ans = 24 000 euros)?? Par ailleurs, il est incontestable que les étudiants les moins favorisés disposent déjà d’aides financières avec les bourses.
L’idée de Grégory Vial me paraît bonne . Cependant elle a déjà été proposée en 1 969 par un syndicat étudiants qui s’était vu traité de tous les noms par les autres syndicats.