Pourquoi les 3% de déficit ne seront pas tenus
C’est l’objectif affiché par François
Hollande depuis le début de son mandat. Objectif non négociable malgré les doutes émis par nombre d’élus
socialistes qui remettent en cause la légitimité des 3% mais aussi par nombre d’économistes
qui pensent que le seuil des 3% sera largement dépassé en 2013. Je partage
complètement cette prévision. Je ne remets pas en question l’objectif de
redressement des comptes publics. Ce n’est pas une option, mais bien une obligation. Il faut assainir nos comptes publics : notre
dette est écrasante, elle pénalise notre économie et il n’en faudrait pas
beaucoup pour qu’elle soit hors de contrôle.
Si je partage l’objectif de François Hollande et du
gouvernement, les choix politiques et budgétaires pour y parvenir ne sont pas
les bons et font qu’en 2013, les 3% de déficit budgétaire seront largement
dépassés. Ces choix sont connus et reposent sur une hausse massive de la
fiscalité. 20 milliards d’impôts en plus dans le PLF 2013. François Hollande et
Jean-Marc Ayrault ont répété qu’en parallèle de ce choc fiscal, l’Etat allait
réduire ses dépenses de 10 milliards d’euros, ce qui est parfaitement faux. En
effet, les dépenses de l’Etat s’élèveront à 270,9 milliards d’euros en 2013 soit
1 milliard d’euros de plus qu’en 2012. Les dépenses augmenteront bien l’année
prochaine contrairement à l’argumentation fallacieuse du gouvernement. En
réalité, elles augmenteront moins vite que les années précédentes et c’est ce
qui fait dire à François Hollande que les dépenses publiques baisseront ce qui,
encore une fois, est faux.Au delà de cet abus de langage, je ne suis pas sûr que l'Etat arrive à contenir la hausse de ses dépenses.
Autre point qui pose problème : la prévision de
croissance de 0,8% l’an prochain sur laquelle le PLF est construit est
parfaitement irréaliste. Aujourd’hui, le consensus table sur une croissance de
0,4% maximum. Un écart de 0,4% de croissance signifie un manque à gagner
d’environ 4 milliards.
Dernier point : la hausse massive de la fiscalité.
Pierre Moscovici a expliqué, pour justifier le choc fiscal, qu’une hausse des
impôts avait des effets récessifs moins importants qu’une baisse des dépenses
publiques. De nombreux travaux montrent exactement le contraire. La hausse de la fiscalité inquiète les ménages
qui appliquent le principe de précaution : pour anticiper la hausse de la
fiscalité, ils réduisent leurs dépenses, augmentent leur épargne. C’est ce que
nous vivions depuis le milieu de l’été avec des chiffres de consommation
moroses. On peut penser que le PIB a reculé au 3ème trimestre. Les
chiffres seront bientôt connus. Par ailleurs, les recettes fiscales estimées
suite à la hausse de la fiscalité sont surestimées car elles ne prennent pas en
compte l’exil fiscal qui est une réalité. Un exemple : la taxation à 75% des très hauts
revenus ne rapportera jamais les 200 millions attendus. L’exil fiscal a bel et
bien commencé. Pendant la campagne, de nombreux socialistes ricanaient lorsque
cette hypothèse était soulevée. Ils ne vont pas ricaner longtemps. Les listes
d’attente pour les inscriptions dans les écoles de Londres et Bruxelles
s’allongent. Le nombre de biens immobiliers exceptionnels mis en vente à Paris
explose depuis la rentrée. La sur taxation du capital fait fuir…le capital. Les
fonds d’investissements s’en vont, leurs moyens financiers avec. La fiscalité
confiscatoire décrétée par François Hollande va finir d’euthanasier le secteur
productif français. Une entrée en récession n’est pas à exclure. Les
entrepreneurs sont inquiets, il y a de quoi.