Emeutes du Trocadéro : racaille ou pas racaille ?
6 novembre 2005, Nicolas Sarkozy en visite à Argenteuil : « Vous en
avez marre de cette racaille ? Eh bien on va vous en débarrasser ».
Scandale immédiat. La gauche bien-pensante s’étouffe.
« Racaille » ? Quelle horreur. Seul un (méchant) homme de droite
est capable de prononcer un tel mot pour désigner de gentils jeunes en
« manque de repères » (langage politiquement correct) à qui « la
société capitaliste ne laisse aucune chance » (langage politiquement correct).
Ainsi vont les choses à gauche. On préfère essayer de trouver des excuses aux
voyous ce qui les fait passer du statut de coupables au statut de victimes.
Avec l’arrivée de Manuel Valls place Beauvau, on pouvait se dire qu’enfin le PS
avait tourné le dos à cette doctrine. Mais les évènements du Trocadéro nous
montrent que les vieux réflexes reviennent bien vite.
Dans un premier temps, la stratégie adoptée par le pouvoir
en place est de minimiser les évènements. C’est ainsi qu’on a entendu parler de
« bousculades », de « mouvements de foule » voire, pour les
plus audacieux, de « débordements ». Malheureusement pour le
gouvernement et la préfecture de police de Paris, les images tournent en boucle
sur les chaînes d’infos en continue. Ces images sont claires : il ne
s’agit pas de « bousculades » mais bien d’émeutes. Face à l’évidence,
le pouvoir adopte une nouvelle stratégie de communication : les
« ultras » du PSG sont entièrement responsables de ce qui s’est passé. Cambadélis fait, de son côté, le lien entre les anti mariage pour tous
et les casseurs du Trocadéro. Il fallait oser, Cambadélis n’ayant
visiblement pas peur du ridicule, l’a fait.
Au bout du compte, personne n’évoque les casseurs
venus de la banlieue parisienne. Or, comme l’indique Le Figaro dans son édition
du 15 mai 2013, sur les 40 casseurs encore en garde à vue mardi soir seules 4
sont abonnées au Parc des princes. 24 d’entre elles venaient de la grande
couronne et 19 de Seine-Saint-Denis. Comment définir ces jeunes qui
sont venus pour casser, piller, brûler ?