3% de déficit en 2015, est-ce crédible ?
Le nouveau premier ministre Manuel Valls a profité de son déplacement à Berlin le 14 avril pour affirmer avec fermeté que la France respecterait ses engagements budgétaires : « Nous tiendrons nos engagements car c’est la parole et la crédibilité de la France qui sont en jeu et personne ne peut mettre en doute la crédibilité de notre pays ». Voilà qui a le mérite d’être clair : le déficit sera ramené à 3% du PIB en 2015 puisque c’est la crédibilité de la France qui est en jeu. Le problème, et il est de taille, c’est que le premier ministre semble avoir oublié la promesse du président de la République de ramener le déficit à 3% dès…2013…
Pierre Moscovici, alors ministre de l’économie, n’a eu de cesse de répéter pendant de très longs mois que l’objectif serait respecté. Dès la fin de l'année 2012 j’avais mis en doute les prévisions gouvernementales qui étaient irréalistes. Par la suite, j’avais alors indiqué que non seulement les 3% ne seraient pas respectés mais en plus que nous serions plus près des 4% que des 3%. Hélas, j’avais pêché par excès d’optimisme car le déficit final s’est établi à 4,3% malgré la hausse vertigineuse de la fiscalité.
Pour 2014, compte tenu du contexte économique toujours faible en France, on peut estimer que le déficit sera encore proche des 4%. Du coup, pour atteindre les 3%, il faudra encore aller chercher une vingtaine de milliards d’euros, soit sous forme de baisse des dépenses soit en recettes supplémentaires.
Le président de la République a également annoncé qu’il y aurait 50 milliards de baisse des dépenses publiques d’ici 2017. Manuel Valls vient de donner quelques précisions sur ce programme de baisse des dépenses publiques : 21 milliards pour la sécurité sociale, 18 milliards pour l’Etat et 11 pour les collectivités territoriales. C’est un programme très ambitieux, difficile à tenir.
Le gouvernement ne peut plus jouer sur la hausse de la fiscalité, il ne peut que miser sur la baisse des dépenses et sur la reprise économique pour augmenter ses recettes fiscales. Autant dire que les marges de manœuvre sont quasi nulles et que les 3% de déficit dès 2015 paraissent hors de portée.