Croissance : quelques raisons d’espérer
C'était il y a un peu plus d'un an : le chiffre de la croissance française pour le deuxième trimestre 2013 était meilleur que prévu. A l'époque, j'avais publié un texte alertant sur ce que j'avais appelé "une fausse bonne nouvelle" car je ne croyais absolument pas à une reprise économique fin 2013 début 2014.
Aujourd'hui, les choses changent. Plusieurs éléments laissent penser que notre économie pourrait être un peu plus forte en 2015. En clair, la croissance pourrait être meilleure que prévu l'an prochain. Compte tenu du marasme actuel et compte tenu des chiffres catastrophiques du chômage qui viennent d'être publiés, cette perspective peut laisser dubitatif. Et pourtant…
Plusieurs éléments positifs sont à prendre en compte :
– Nous assistons depuis le mois de juin à une baisse spectaculaire des prix du pétrole (-35%). C’est une tendance de fond et les prix pourraient même encore baisser à horizon 6 mois. Ce repli des prix de l’or noir est très positif pour toutes les entreprises mais c'est particulièrement vrai pour celles dont les coûts dépendent en grande partie des prix de l’énergie (transport aérien, transport routier…). C'est également une très bonne nouvelle pour les ménages. Chaque centime gagné sur les prix de l’essence et un centime de plus pour le pouvoir d’achat des Français.
– Dans le même temps, l’euro a baissé face au dollar (-10% par rapport au début de l’année). C’est excellent pour nos entreprises exportatrices et cette baisse ne constitue pas une menace pour les prix tant l’inflation est faible (quasi nulle). Les effets de la baisse de l’euro mettent du temps à se faire sentir mais notre économie va pleinement en profiter en 2015. Cette tendance à la baisse de l’euro pourrait s’accélérer. C’est la prévision de la banque Goldman Sachs qui mise sur une parité euro – dollar parfaite (1 pour 1) en 2017. Il faut toujours prendre les prévisions avec des pincettes, mais quand même.
– L’économie américaine se porte (très) bien et va de nouveau jouer son rôle de locomotive mondiale. La croissance pour le deuxième trimestre a été revue à la hausse à 3,9% en rythme annuel. Par ailleurs, les Etats-Unis sont sur une tendance de 2,5 millions de créations d’emplois par an et le taux de chômage a fortement baissé depuis la crise pour atteindre 5,8%. C’est le meilleur niveau depuis juillet 2008.
– La crise financière en Europe est terminée, la zone euro est stabilisée et la monnaie unique n'explosera pas. L’évolution du marché obligataire est spectaculaire. Les taux des emprunts d'Etat se sont effondrés. Le 10 ans français est passé sous les 1%. Du jamais vu. Cette tendance à la baisse est la même dans tous les pays d'Europe, même en Espagne et au Portugal. En se déclarant prête à racheter directement des obligations d'Etat la BCE a joué un rôle majeur dans la détente des taux et c'est une bonne nouvelle pour les économies européennes.
– Le dernier chiffre du climat des affaires publié par l'Insee est encourageant. En novembre 2014 il remonte à 94. Ce qui est intéressant c'est que tous les secteurs participent à l'amélioration du mois. Même le bâtiment se redresse et on ne peut que s'en réjouir quand on connaît le poids de ce secteur dans notre économie. Il convient de préciser que le climat des affaires est un indicateur avancé de la croissance.
- De la même manière, la confiance des ménages français s'est établie à 87 points en novembre, en progression de 2 points sur un mois et à son plus haut niveau depuis mars. Celle-ci reste loin de sa moyenne longue période mais c'est quand même une bonne nouvelle.
Au global, il y a objectivement plusieurs bonnes nouvelles pour notre économie et nous pourrions avoir une croissance un peu meilleure que prévu en 2015. Pour autant, il faut rester prudent car tout cela reste fragile avec un taux de chômage au plus haut. C'est le point noir de ce contexte : même avec une reprise un peu plus dynamique cela ne devrait pas être suffisant pour inverser cette fameuse courbe du chômage. Oui vous savez, celle que François Hollande avait promis d'inverser fin 2013.