Non, la Grèce n’est pas la victime que l’on présente
La cause est entendue : la Grèce est une victime. Victime de (la très méchante) madame Merkel. Victime de l'austérité imposée par les (très méchants) organismes internationaux (BCE, FMI). Victime des (très méchants) marchés financiers. Bref, vous avez compris, la Grèce n'est responsable de rien. Le peuple grec vient de porter au pouvoir le jeune Alexis Tsipras chef de file de Syriza, le parti d'extrême gauche. Il a fait toute sa campagne sur "l'injuste" politique d'austérité imposée au peuple grec.
Je rappelle quelques éléments dont plus personne ne parle aujourd'hui :
– La Grèce a maquillé ses comptes à de multiples reprises : pour entrer dans la CEE en 1981 puis pour entrer dans la zone euro. La triche permanente.
– La Grèce ne prélève pas l'impôt, ou très peu. La fraude fiscale est un sport national. Le manque à gagner sur la seule TVA est estimée à environ 10 milliards d'euros. La triche permanente.
– L'entrée de la Grèce dans la zone euro a considérablement enrichi les Grecs. A titre d'exemple, citons les salaires dans l'industrie qui, entre 2000 et 2009, ont augmenté de plus de 60%…2 à 3 fois plus qu'ailleurs en Europe…Ne parlons pas du salaire délirant des cheminots qui a abouti à ce désastre : coût annuel du petit réseau ferré grec 1 milliard par an, recettes 100 millions. Consternant.
– La dette grecque a déjà été restructurée. En 2012, les créanciers privés ont fait une croix sur 107 milliards d'euros. Oui 107 milliards…Mais visiblement, des milliards, Alexis Tsipras en veut beaucoup plus. Pourquoi se gêner après tout ?
Le problème c'est que sur les 320 milliards d'euros de dette, les Etats en détiennent 60%. En clair, si la Grèce devait faire de nouveau défaut, ce sont les Européens qui paieront la facture. La France est engagée à hauteur de plus de 40 milliards, soit 600 euros par Français. Cette somme correspond à 2 points de PIB. Le peuple grec est souverain et son choix politique est indiscutable. Pour autant, la Grèce doit cet argent et si elle ne veut pas rembourser, l'Europe devra en tirer toutes les conséquences. On ne peut pas avoir reçu des centaines de milliards d'euros et demander aux autres de payer à votre place.
La cigale passe pour la sympathique de la fable et c’est la méchante fourmi qui bosse pour 4 et paie finalement les dettes des tricheurs et des fainéants.