La constructeurs automobiles ont perdu la bataille de l’opinion
Le dirigeant de PSA, Carlos Tavares a accordé une interview sans langue de bois au Figaro lundi. Un entretien très intéressant mené par la journaliste Bertille Bayart. Carlos Tavares explique clairement les menaces qui pèsent sur le secteur automobile après les décisions prises par le Parlement européen (les véhicules légers neufs devront réduire leurs émissions de CO2 de 40% d’ici 2030). Le secteur qui emploie 13 millions de personnes en Europe ne sortira pas indemne de ces choix qui vont obliger les constructeurs à vendre beaucoup, beaucoup de voitures électriques. Je passe vite sur le fait que pour le moment, les automobilistes restent dubitatifs vis-à-vis du véhicule électrique.
Bien sûr, ces normes sont imposées au nom de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique. Carlos Tavares pointe, à juste titre, que la voiture électrique présente des avantages mais aussi des inconvénients de ce point de vue. Son bilan carbone dépend, par exemple, de la façon dont l’électricité est produite. Une électricité fortement carbonée impacte négativement l’utilisation d’une voiture électrique.
Se pose par ailleurs la question de l’extraction des métaux rares mais aussi celle du recyclage des batteries. Carlos Tavares est surpris que tous ces éléments ne soient pas plus pris en compte dans les choix des politiques publiques concernant l’industrie automobile.
En réalité la réponse est simple : les constructeurs ont perdu la bataille de l’opinion pour défendre (un peu) le moteur thermique parce-qu’ils ne l’ont pas menée. A de multiples reprises, j’ai participé à des débats (radios, télés) dans lesquels ni Renault, ni PSA n’étaient représentés. Par contre il y avait toujours un élu écologiste et un représentant d’une association environnementale. Bien sûr, François Roudier du CCFA répond présent autant que possible. Mais seul, il ne peut pas tout. Après le dieselgate, les constructeurs ont préféré faire profil bas et ils ne sont jamais présents dans les émissions dans lesquelles on parle de voiture. C’est une erreur car les politiques publiques sont calquées sur ce que veut l’opinion. Or la bataille de l’opinion, elle se mène dans les médias et pas dans les couloirs du Parlement européen.
Au final, le choix imposé de la voiture électrique porte en lui de nombreux risques sociaux et économiques. La voiture électrique va prendre une place plus importante à l’avenir. Elle répondra aux besoins de mobilité de nombreuses personnes dans les centres urbains notamment, mais il est difficile d’imager que l’avenir sera tout électrique. Il y a 10 ans, après le Grenelle de l’environnement, L’État français a mis en place une prime pour inciter les Français à acheter…du diesel. On marche sur la tête.