Le blocage des universités,
Depuis quelques jours, quelques centaines d’étudiants tentent de bloquer l’accès des universités pour demander (on essaye de comprendre car les revendications ne sont pas claires) le retrait de la loi "Pécresse".
Plusieurs remarques sur ce sujet :
– Cette loi a été négociée avec l’UNEF qui a donc acté que cette loi était bonne pour les étudiants. C’est plus que surprenant de voir aujourd’hui cette organisation demander le retrait d’une loi qu’elle a négociée….Aucune cohérence dans les idées….En réalité, l’UNEF et son président avaient peur de passer à côté d’un mouvement de contestation important et leur prise de position n’est qu’opportuniste.
– Tout le monde est d’accord pour constater l’état de délabrement de notre enseignement supérieur avec des universités qui ne cessent de s’enfoncer dans tous les classements internationaux. Les recettes des universités qui marchent chez nos voisins sont connues : large autonomie, sélection à l’entrée et suivi des performances de l’université (en matière de recherche notamment). La loi "Pécresse" prévoit un petit peu d’autonomie et, à la demande de l’UNEF, la sélection à l’entrée a été abandonnée……Nous restons donc avec notre système de sélection par l’échec avec des conséquences dramatiques pour les étudiants concernés.
– Le blocage des universités est illégitime, donc scandaleux. D’abord, une assemblée générale qui réunit 500 étudiants sur 15000 n’est pas représentative et ne peut donc pas décider de bloquer l’accès à tous les étudiants. Mais je vais plus loin : chacun a le droit de faire grève; aucun doute, aucune discussion sur ce sujet. Mais par contre, le droit de grève ne se transforme pas en droit d’empêcher les autres de travailler. Même si sur 15000 étudiants, 14000 font grève, les 1000 qui ne sont pas grévistes ont le droit de pouvoir aller travailler. Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres. Si je suis gréviste, je n’ai pas le doit d’empêcher une seule personne d’aller travailler.
C’est quand même curieux de voir une poignée d’extrémistes bafouer les libertés individuelles au nom de la démocratie.
Flavien Neuvy
Les étudiants n’ont pas le droit de grève que je sache. Ils peuvent ne pas assister aux cours; ce qui n’est pas la grève du travail.
Maintenant investir des locaux , bloquer les entrées des facs, tout cela est illégal d’autant que ceux qui pratiquent ces actions ne représentent qu’eux-mêmes.
Maintenant les lycéens veulent faire grève, je le répète; cela n’a rien avoir avec le droit de grève. Pourquoi les élèves des maternelles ne feraient pas de même?
Il y a la grève reconnue par la constitution et des arrêts d’activités comme la grève de la faim qui ne sont pas des grèves reconnues et cadrées par la loi.
Les marcheurs peuvent faire grève mais pas la grève et ils n’ont pas à déranger les piétons.
Maintenant, M Juillard (UNEF) qui doit être étudiant pour la forme veut se présenter aux municipales; il fait de la politique et mentir ne le dérange pas si ça peut servir ses intérêts.
Autre remarque: L’extrême gauche, en France, a largement dépassé l’extrême droite dans l’extrémisme. Il faudrait en prendre conscience.
Enfin, si l’état faisait respecter la loi ; il y a longtemps que la fac ne serait plus une zone de non droit.
J’ai assisté (et légèrement participé) aux mouvements de contestation des étudiants en 1995. J’ai pu voir et entendre ce qui se disait aussi bien dans les assemblées générales que dans les commissions organisées dans le département d’histoire (j’étais alors en première année). J’ai également entendu nombre de discours et de conseils des représentants locaux de l’UNEF.
Pour moi, la défense des étudiants n’est, pour l’UNEF, qu’un prétexte. Ce syndicat est avant tout une association politique inféodée au parti socialiste. D’ailleurs nombre de militants du PS ont fait leurs premières armes à l’UNEF (tel Julien Dray). En 1995, l’objectif de l’UNEF n’était clairement pas d’améliorer les conditions des étudiants, mais bel et bien d’empêcher le gouvernement Juppé de conduire ses réformes (qui n’avaient rien à voir avec la vie étudiante puisqu’elle concernait, rappelons-le, la réforme des retraites).
Il est clair que notre université a besoin d’air frais. Nous avons parmi les meilleurs chercheurs au monde (j’ai un ami qui, après avoir terminé son doctorat à Clermont-Ferrand est allé travailler au Canada avec un salaire plus de deux fois supérieur à ce que pouvait lui consentir une université française !). Pourtant, les moyens qu’on met à leur disposition ne sont pas dignes d’un pays qui a vocation à être une grande puissance mondiale. Qu’on aille jeter un oeil sur les catalogues de la bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand : dès mon année de licence, j’ai senti à quel point les outils mis à notre disposition étaient limités !
Ce qui m’énerve au plus haut point, c’est la surinterprétation que les opposants font du texte de la loi Pécresse. Il est écrit que le financement de la recherche universitaire sera ouverte aux fonds privés. Mais il n’est pas dit que l’Etat se désengagerait ! Le but de cette loi est de permettre à l’université de compter sur des moyens supplémentaires (et d’assouplir également certaines règles de gestion, mais c’est là un autre débat !). Comment peut-on s’y opposer ?
En guise d’illustration, je concluerai sur un exemple concret. J’entends fréquemment à la télévision des jeunes étudiants dire que les entreprises n’accepteraient pas de financer des recherches en histoire médiévale par exemple. En tant qu’historien, cette remarque m’interpelle : toutes les époques on connu une forme quelconque de mécénat. On a d’ailleurs constaté dans les années 90 une augmentation des initiatives de grandes entreprises pour favoriser la recherche historique sur des sujets qui les touchaient. Enfin, même aux Etats-Unis, pays que l’on nous décrit comme un modèle d’ultra-libéralisme, on trouve une remarquable école historique et des spécialistes dans des domaines inattendus. J’avais ainsi pu, en 1996 si ma mémoire ne me trahit pas, assister à une conférence d’un médiéviste américain (dont j’ai oublié le nom, je l’avoue) dont la spécialité était… l’étude des registres des consuls de Montferrand de la fin du Moyen-Age. Je ne crois pas que ces travaux intéressent un grand nombre d’entreprise américaines…