L’écologie radicale : le nouveau visage de l’anticapitalisme.

Lors du Congrès d’Epinay de 1971, Mitterrand déclara : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec la société capitaliste ne peut être au PS ». Arrivée au pouvoir en 1981, l’alliance socialo-communiste a mis en place le « programme commun » pour lequel elle a été élue avec les 110 propositions de François Mitterrand. Cela a duré deux ans. En 1983, face aux conséquences désastreuses ce programme commun, il a fallu faire marche arrière avec le fameux « tournant de la rigueur ».

Mais il en fallait plus que ce fiasco pour détourner la gauche française de son obsession anticapitaliste. L’espoir de voir le Socialisme triompher face au capitalisme restait vivant. Mais un évènement historique vint mettre un sérieux coup d’arrêt à cette espérance. La chute du mur de Berlin a mis fin au rêve de la gauche de voir le capitalisme s’effondrer sur lui-même. Loin de voir le capitalisme disparaitre, c’est le communisme qui s’est effondré sous le poids de ses propres vices. On aurait pu croire que la fin du communisme en Europe tel que nous l’avons connu pendant quasiment tout le vingtième siècle allait mettre un point final à ce débat sur le capitalisme. Non que celui-ci serait parfait et sans défaut, mais simplement que c’est le meilleur moyen de produire de la richesse pour une société, préalable indispensable à une redistribution et à l’élévation du niveau de vie de la population. Eh bien non !

Le regretté Jean-François Revel s’était penché sur ce phénomène dans son livre La grande parade (essai sur la survie de l’utopie socialiste). Je vous recommande la lecture de ce livre drôle et lumineux.

Mais l’anticapitalisme est de retour. Il est même en grande forme. Il a trouvé un allié (un alibi) inespéré pour retrouver des couleurs dans le débat public. Alors bien sûr, en dehors de la gauche radicale (NPA, LO…) les choses sont dites avec un peu plus de finesse de crainte d’effrayer une partie de l’électorat. Mais quand on tend bien l’oreille, on peut entendre ici ou là des propos assez clairs. Sandrine Rousseau le dit simplement : il va falloir inventer un nouveau système.

La députée a publié un essai sur les relations entre le capitalisme industriel et la destruction environnementale. C’est simple : pour sauver la planète il faut changer le système capitaliste.

Mélenchon est tout aussi clair : le problème c’est le capitalisme.

Alors c’est évidement bien pratique parce-que cela permet de remettre en question le système qui s’est imposé dans le monde (à quelques exceptions près) avec l’argument environnemental. Tout le monde est sensible à la protection de la planète et si on vous explique matin midi et soir qu’il n’y a pas d’autre solution que de rompre avec le capitalisme pour sauver la planète, vous finissez par vous poser des questions. D’autant que les arguments sont faciles à trouver : pillage des ressources, utilisation de produits énergétiques carbonés, libéralisation des échanges…

Nous sommes donc passés de l’exploitation de l’homme par l’homme à l’exploitation de la planète par l’homme. Beaucoup plus porteur par les temps qui courent même si la lutte des classes est un thème que l’extrême gauche n’a pas abandonné. Le ciblage systématique des milliardaires en est un exemple.

Mais incontestablement, l’anticapitalisme vert est plus porteur aujourd’hui car il joue sur d’autres émotions comme la peur. D’ailleurs, cette idée que le capitalisme est à l’origine de tous nos problèmes environnementaux explique pourquoi les écologistes (français) sont contre le nucléaire. Le changement climatique est la menace la plus élevée et l’urgence c’est de décarboner nos économies. Pour y arriver, il faut décarboner en premier lieu la production électrique. Selon toute logique, les écologistes devraient être très favorables au nucléaire car il produit une électricité pilotable et faiblement carbonée. Mais non, ils sont contre. Les arguments avancés traditionnellement pour justifier cette hostilité sont inopérants. Je pense en particulier à l’idée que le nucléaire serait dangereux. C’est une technologie maîtrisée, sûre avec un contrôle exigeant de nos centrales. Nous avons (avions ?) une filière d’excellence avec des ingénieurs et des ouvriers de haut niveau. Combien de morts en France à cause du nucléaire sur ces 50 dernières années ? Zéro. Extrêmement dangereux en effet.

Non ils sont contre pour une raison simple : avoir une énergie abondante et décarbonée balaierait définitivement l’idée selon laquelle seul un « changement de système » pourrait sauver la planète. L’idée que seules la fin du capitalisme et la décroissance pourraient permettre d’agir efficacement pour protéger notre environnement.

Celui qui l’a dit le plus clairement c’est Aurélien Barreau, l’astrophysicien collapsologue qui lors d’une conférence a déclaré : « Si nous avions une énergie infinie et propre, ce serait le pire scénario pour notre avenir ».

https://twitter.com/FerghaneA/status/1645447383268958208?s=20

L’anticapitalisme reste très ancré en France. Il a retrouvé une certaine force grâce à l’écologie radicale et c’est un message qui est de plus en plus relayé dans les médias.

La réalité est plus simple. Seule la science nous permettra de faire des progrès pour protéger notre planète. Comme vient de le rappeler Ferghane Azihari, ce sont les pays capitalismes qui sont les plus efficaces concernant l’écologie.