Le poids excessif des dépenses publiques à l’origine du déclin de la France

La France est sur la voie du déclin. Je ne suis pas un  "déclinologue" pour reprendre l'expression de Dominique de Villepin car je considère que ce déclin est tout sauf inéluctable. Mais le constat est là, difficilement contestable. La France s'enfonce avec une régularité étonnante vers une stagnation durable de son économie. Ce déclin n'est pas le résultat de la politique conduite depuis le 6 mai dernier. Non, les mesures prises sur le plan fiscal par François Hollande ne font qu’accélérer ce processus qui est à l’œuvre depuis 40 ans. Les chiffres du chômage publiés hier confirment l'accélération de la dégradation.

Quel est le principal problème auquel notre pays est confronté ? Des dépenses publiques excessives, très excessives. Elles représentent 56% du PIB, pratiquement un record du monde. C'est, à titre d'exemple, 10 points de plus qu'en Allemagne qui n'est pas, à ma connaissance, un pays sous-développé. Cela fait 40 ans que l’État n'a pas voté un budget en équilibre. Je suis frappé d'entendre en permanence les politiques expliquer que réduire les dépenses publiques serait porteur de récession. Pour reprendre l'expression de Moscovici "il ne faut pas ajouter l'austérité à la récession". Mais si baisser les dépenses publiques est facteur de récession, les augmenter serait porteur de croissance. Or, depuis 40 ans nos dépenses publiques augmentent sans cesse et notre potentiel de croissance baisse. En clair, plus le dette de notre pays augmente, plus notre croissance tend vers zéro. En réalité, il a des échelles de temps qu'il faut prendre en compte. A très court terme, la baisse des dépenses publiques peut être récessive mais porteuse de croissance à moyen long terme. L'exemple de la Suède nous l'a prouvé il n'y a pas si longtemps. Comme la classe politique dans son ensemble a été incapable de tenir les dépenses de l’État, elle a fait le choix de la facilité pour tenter de limiter la casse : augmenter les prélèvements obligatoires et creuser la dette. Cette méthode est désastreuse et a pulvérisé notre tissu industriel. Nous perdons depuis 30 ans environ 70 000 emplois industriels par an. Or, l'emploi industriel est fondamental car chaque pour chaque poste créé dans l'industrie, il y a 3 ou 4 emplois induits dans les services. Cette hémorragie de l'emploi industriel depuis 30 ans est un véritable désastre mais un désastre qui s'explique facilement : entre 1997 et 2010, le coût horaire du travail dans l'industrie a augmenté de 50% en France contre 30% en Allemagne. L'écart est considérable. Par ailleurs, l'alourdissement des prélèvements obligatoires pénalise fortement la rentabilité des entreprises industrielles : leur taux de marge (rapport de l'EBE à la valeur ajoutée) est en moyenne à peine supérieur à 20%, c'est le niveau le plus bas depuis le milieu des années 80. Des entreprises qui ne dégagent pas de marges ne peuvent ni innover ni investir.

Le déclin se résume ainsi : des dépenses publiques toujours orientées à la hausse, financées par l'explosion de la dette et la forte augmentation des prélèvements obligatoires. Ces deux phénomènes (mais pas seulement) laminent notre potentiel de croissance qui tend vers zéro et qui restera durablement faible. Or, pas de croissance = pas de créations d'emplois et pas de créations d'emplois = hausse durable du chômage.