Le pétrole au plus haut,

Après avoir évoqué l’euro fort il y a quelques jours, je souhaite  aborder le sujet du pétrole dont le prix vient d’atteindre des niveaux inconnus jusqu’à maintenant. Les causes de cette flambée sont connues et multiples :

– forte demande mondiale de brut liée à la croissance économique qui est très élevée (le FMI vient de réviser à la hausse ses prévisions de croissance dans le monde pour 2007 et 2008).

– Forte spéculation sur les marchés avec des intervenants qui jouent clairement la hausse du prix du baril de brut.

– Un problème de capacité de raffinage qui résulte de plusieurs années de sous-investissement dans ce domaine. En gros et pour schématiser, il y a des capacités de production qui répondent (tout juste) à la demande mondiale mais les capacités de raffinage sont trop faibles.

Alors on a entendu beaucoup de choses sur le pétrole et sur l’importance de diversifier nos sources d’énergie avec l’impérieuse nécessité d’investir massivement dans les énergies  renouvelables. Le point qui attire le plus l’attention c’est de savoir dans combien de temps les réserves de pétrole seront épuisées. Aujourd’hui on estime à environ 40 ans les réserves prouvées dans le monde. Les plus alarmistes s’empressent de nous expliquer qu’il n’y en a plus pour longtemps.

Et pourtant, en 1973, au début du premier choc pétrolier, on évoquait l’épuisement définitif des réserves de pétrole pour 2003……Pourquoi un tel décalage entre les prévisions de l’époque et ce qui s’est vraiment passé alors même que la demande mondiale de pétrole a explosé entre 1973 et 2003 ? Pour une raison simple : les réserves de pétrole prouvées à une date donnée ne veulent pas dire qu’il n’y aura plus de nouvelles découvertes. Or les techniques de recherche et d’exploration sont de plus en plus performantes et permettent d’aller chercher du pétrole dans des endroits ou à des profondeurs inimaginables il y a 30 ans.

Pour illustrer mon propos, je vous pose une question toute bête : quel est le pays qui dispose, après l’Arabie saoudite, des plus grosses réserves prouvées de pétrole ? L’Iran ? L’Irak ? Le Venezuela ? Non, vous n’y êtes pas du tout puisqu’il s’agit du ……..Canada avec plus de 180 milliards de barils à fin 2006. L’Iran arrive en troisième position avec environ 130 milliards de barils. Il faut cependant apporter une précision importante : en réalité, ces réserves canadiennes sont constituées en grande partie de pétrole non conventionnel. Il s’agit en fait d’immenses réserves de sable bitumineux (mélange de sable et d’hydrocarbures) situées dans l’Alberta. Ce pétrole lourd n’est pas exploitable tel quel et il demande de lourds investissements pour pouvoir être transformé en brut classique. On évalue le seuil de rentabilité de ce pétrole à 70$ le baril. Il est aujourd’hui à 78$ et, du coup, Shell vient d’annoncer son intention d’investir 25 milliards de dollars au Canada pour pouvoir exploiter ces réserves colossales. On le voit, la pénurie de pétrole n’est pas pour demain.

Flavien Neuvy

2 Comments

  • Daniel 5 août 2007

    La fin du pétrole n’est pas pour demain ni pour après-demain, c’est évident; mais le pétrole cher: c’est pour « avant demain ».

  • olivier 6 août 2007

    La question est de savoir jusqu’à quel prix l’automobiliste est-il prêt à payer le litre de carburant.
    Et qu’en est-il du réchauffement climatique ?

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