La proposition stupide de la LCR

Je viens de lire le communiqué de la LCR (lire ici) qui propose de "réquisitionner Total pour utiliser ses immenses bénéfices pour faire baisser le prix de l’essence". Il n’y a plus qu’en France qu’on peut entendre de telles inepties.

Première remarque : la LCR ne prend même pas la peine de parler de nationalisation (ce qui supposerait d’indemniser les actionnaires) mais parle de réquisitionner (acte par lequel une autorité exige un service ou une remise de biens sans contrepartie) l’entreprise: les bonnes vieilles méthodes marxistes qui n’ont marché nulle part dans le monde.

Deuxième remarque : l’objectif d’une telle mesure est donc de faire baisser le prix de l’essence pour "les dizaines de millions de citoyens qui galèrent". Les bons sentiments, encore et toujours. Quel serait l’impact d’une telle mesure ? Quand on connaît le poids des taxes dans le prix du carburant, on sait bien que Total ne fait qu’une infime partie de ses bénéfices sur la distribution à la pompe. En réalité, la Major tire l’essentiel de ses revenus de "l’amont" (exploration et production), et du raffinage. Le reste des revenus (dont la marge à la pompe) est anecdotique. Imaginons quand même que l’Etat récupère l’intégralité des bénéfices de Total pour faire baisser le prix du litre. Quel en serait l’impact sur les prix ? Quelques centimes d’euros par litre. Allez, soyons large, 15 centimes par litre (je suis en train de faire évaluer avec précision l’impact d’une telle mesure). Nous aurions donc avec cette mesure géniale, une baisse des prix de 15 centimes, les prix passeraient donc d’1 euro 50 le litre à 1 euro 35… La belle affaire. Imaginons que les prix du pétrole grimpent encore de 10% (scénario plausible), nous nous retrouverions à la case départ avec en prime une entreprise sur la paille, privée de ses ressources financières si importantes pour investir, pour creuser toujours plus profond, pour aller exploiter des champs de pétrole non conventionnels.

Troisième remarque :Total, grande entreprise française, gagne de l’argent : c’est une bonne nouvelle pour notre pays et pour ses comptes (via l’IS) et pour ses 97 000 salariés.

Je ne parle même pas de l’incapacité de l’Etat, maintes fois prouvée, à gérer des entreprises du secteur concurrentiel.

Flavien Neuvy

3 Comments

  • Daniel 5 juin 2008

    Ce ne sont pas les compagnies pétrolières qui font les gros bénéfices sur le pétrole mais les groupes financiers. Mieux, Total et les autres sont conduits à achèter leurs propres actions pour faire monter les cours pour attirer les investisseurs. La LCR se trompe de cible en s’attaquant au capitalisme de production , c’est le capitalisme financier qui rafle la mise. Mais ce capitalisme est intouchable car sans frontière. On ne peut même pas ponctionner les fonds de pensions , on n’a pas voulu de fonds de pension français.
    De plus réquisitionner entraînerait la fuite de toutes les richesses, personne ne veut se faire spolier. C’est de la démagogie pour rafler des voies.
    M Besancenot a proposé de doubler le SMIC. C’est facile, a-t-il répété, sans être contredit ; cela coûtera pour un an , le prix d’un porte-avion et on peut se passer de porte-avion. Bravo , mais on ne construit pas de porte- avion , chaque année.
    Ce n’est sérieux ; mais M Besancenot , maintenant, se prend au sérieux et là , il n’est plus drôle.

  • Flavien Neuvy 5 juin 2008

    Bonsoir Daniel,
    Vous avez raison : il n’est pas drôle O Besancenot, il est dangereux. Le plus incroyable c’est l’indulgence dont il bénéficie dans les médias. Personne ne le contredit sur un plateau télé…
    Par contre je suis plus septique sur la possibilité de séparer le capitalisme du « capitalisme financier ». Quelle est la différence ? L’un serait acceptable et l’autre mauvais parce que spéculateur ? La spéculation a toujours existé et imaginer qu’on peut l’interdire ou la réguler n’est que pure fiction. Tôt ou tard, les marchés s’auto régulent : les bulles spéculatives finissent toujours pas exploser.
    Flavien

  • Daniel 5 juin 2008

    Le capitalisme de l’industriel est de faire des profils sur sa production , il crée des richesses en créant des richesses par la créativité et crée par la même du travail. Son but est de faire des bénéfices mais en préservant le lendemain. Le capitalisme financier: c’est le profit pour le profit. L’industrie ou le service fait du profit mais ce n’est pas encore assez. L’activité est rentable , fait des profits mais le capitalisme financier veut toujours plus de profits en cassant: suppression d’emplois voire destructions pures et simples par délocalisations. Ce capitalisme ne se soucie pas du lendemain , il pense à aujourd’hui , demain il trouvera toujours un autre citron à presser. Et , la casse ne lui coûte rien , il ne gère pas les ruines, il déplace des fonds. Ce capitalisme crée des malheurs en exploitant les gens plus que le capitalisme du patronat responsable de son outil. Le capitalisme patronal connaissait les limites à ne pas dépasser car il pouvait perdre . Le capitalisme financier joue à qui perd gagne. Le propriétaire d’une PME s’arrache les cheveux , travaille 70 heures par semaine , crée , innove, prend des risques, engage ses propres biens , se fait ponctionner, se fait traiter de voyou et l’autre n’a qu’à appuyer sur un bouton pour déplacer ses billets. ( Je suis désintéressé car je ne suis pas un propriétaire de PME). Les licenciés peuvent comprendre la disparition de leurs emplois quand leurs activités engendre des pertes mais ils deviennent « fous » quand ils ont fait des efforts et que leurs activités créent des profits comme jamais mais le capitalisme financier n’en a que faire , il peut faire plus de profits ailleurs.
    Avant le capitaliste était propriétaire , créateur , preneur de risques maintenant le capitaliste ne possède que du mobilier, ne crée rien et fait prendre le risque aux autres.
    Les bulles explosent mais ça ne règle rien car ce capitalisme a créé lui- même les bulles pour faire d’autres profits et gagne encore en spéculant aussi à la baisse. Il ne faut pas confondre le petit porteur et le millionnaire ( frappé par l’ISF) porteur d’actions qui peuvent tout perdre et les multi-milliardaires ou les fonds divers comme les fonds de pension parés en toute circonstance et dispensés en quasi totalité de la ponction fiscale y compris de l’ISF. Avant, la bourse jouait son rôle , c’est pourquoi Pompidou pouvait dire : « je ne fais pas de politique à la corbeille ». Maintenant que la bourse monte ou descende les profits demeurent. Pire les montées ou les descentes de la bourse ne correspondent même plus à des réalités économiques , c’est uniquement le fruit de spéculations. La spéculation a toujours existé mais jamais dans un monde globalisé et avec un capitaliste financier « omnipuissant ».
    Maintenant, je me pose la question de l’indulgence des médias envers les utopies de Besancenot n’est pas la même que celle dont à bénéficier Le Pen. Besancenot a un gros pouvoir de nuisance pour la gauche comme Le Pen en avait un pour la droite. Et ça fait de l’audimat.
    Le Pen commettait l’erreur (probablement volontaire) de faire de la provocation (il n’a jamais voulu le pouvoir) ; Besancenot ne paraît pas en faire car les riches sont par tradition en France des voyous et les autres des gentils. Mais le principe est le même , le malheur c’est à cause de l’autre.

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