Il faut voter la loi Hadopi

L'examen du projet de loi Hadopi sur le téléchargement illégal sur Internet traîne en longueur. Pour mémoire le texte prévoit des sanctions progressives pour les internautes qui téléchargent illégalement de la musique ou des films.  Le 9 avril dernier les socialistes se sont ridiculisés en rejetant le texte alors que bon nombre nombre d'entre eux sont pour le texte. A lire Jack Lang pour le texte .

Ce qui est drôle dans cette affaire c'est que bon nombre d'artistes, pourtant habituellement de gauche, se sont trouvés pris à contre-pied par la position du PS. A lire les artistes pro Hadopi prennent la parole .

Alors sur le fond : je suis pour cette loi. Internet n'est pas une zone de non droit où tout est permis. La liberté oui, mais également le respect de la propriété. Or que font ceux qui téléchargent illégalement ? Ils privent les artistes de leurs légitimes revenus liés à leurs créations, ce n'est pas acceptable, même sur Internet. L'UMP a raison de défendre ce texte, la gauche à tord de le combattre.

Internet est un formidable outil pour avoir de la musique et des films plus vite, plus efficacement, Internet permet à de nouveaux talents d'exploser (les exemples sont nombreux), mais Internet ce n'est une zone en dehors du droit.

Flavien Neuvy

5 Comments

  • Bertrand 5 mai 2009

    Internet n’est pas une zone de non droit et ne l’a jamais vraiment été. Même sans loi, les juges ont toujours su appliquer des textes et cela depuis des années. Même quand le mot internet n’était pas dans le code civil ou pénal des juges ont condamné.
    Malheureusement Flavien cette loin ne défend pas la création mais les revenus de l’industrie du disque. Cela te parait la même chose mais c’est largement différent. Elle ne fait rien pour favoriser la création et la diffusion d’artistes inconnus ou l’accès à la culture.
    Cette loi « Pascal Nègre » ne vient que tenter de faire perdurer le business des maisons disques. Pascal Nègre, président d’Universal, se plaignait déjà dans les années 80 que la cassette allait tuer le disque. Résultat 20 ans plus tard, il recommence avec internet en oubliant de préciser que malgré l’énorme piratage, le chiffre d’affaire de sa société a encore progressé de plus de 13% au dernier semestre 2008.
    L’UMP ne devrait pas suivre aveuglement comme tu le fais la position de sa ministre. Il est reconnu qu’elle a menti au parlement via les rapports présentés et via ses déclarations. Même la pétition présentée par la SACEM et Albanel était en partie fausse avec l’inclusion d’artistes ouverte contre cette loi.
    Le rejet de cette loi est massif dans l’opinion. J’ai moi même pris position et je suis allé en discuter avec Louis Giscard d’Estaing. Il m’a lui même fait part de doute sur la riposte graduée et la coupure internet. Et en discutant j’ai clairement vu que le contenu de la loi lui était inconnue.
    Cette loi est rétrograde, inapplicable et coûteuse. Ce qui me dérange c’est que cette loi ouvre une option de surveillance qui n’existe nul par ailleurs dans notre droit. On fait encore de l’internet un cas particulier. Si on appliquait la loi HADOPI à toutes nos communications, cela reviendrait à instaurer une écoute téléphonique de tous les abonnés au téléphone, l’ouverture systématique du courrier et des paquets postaux. Et tout cela sans la moindre intervention de la justice et sans moyen pour contester et se défendre.
    L’adoption de cette loi me fait moi même remettre en cause ma vision de notre démocratie et donc ma participation au processus démocratique de notre pays. Un pays qui protège les droits d’un faible pourcentage au détriment de la justice et de la liberté de son peuple court vers la catastrophe…

  • Florent BELON 6 mai 2009

    Le droit de propriété est un fondement de notre société et de notre constitution.
    Il constitue un droit naturel reconnu, et les droits de propriété intellectuels ne dérogent pas à la règle!
    C’est quand même drôle ces artistes qui nient le droit de propriété aux autres au nom de bons sentiments couronnant des raisonnements d’enfant de 6 ans, et qui lorsque cela les concerne montent au créneau!

  • Flavien Neuvy 7 mai 2009

    Bertrand,
    je ne comprends pas tes arguments. D’abord le fait d’expliquer que cette loi est là pour défendre l’industrie du disque et non la création. Deux remarques sur ce point : d’abord lorsque 1 personne télécharge un album au lieu de l’acheter, il prive la maison de disque d’un revenu légitime (elle produit l’artiste) et puis elle prive l’interprète et le compositeur de leurs droits d’auteurs. Qui peut contester ce point ? Donc celui qui fait cela met à mal l’avenir de la création en privant de ressources les créateurs.
    Autre argument que je ne comprends pas : « Si on appliquait la loi HADOPI à toutes nos communications, cela reviendrait à instaurer une écoute téléphonique de tous les abonnés au téléphone, l’ouverture systématique du courrier et des paquets postaux ». Je ne vois pas le rapport. Au final que peut-il se passer si la loi est adoptée ? Les sites p2p vont être surveillés et les adresses IP relevées ? Tu penses vraiment que cela remet en cause les fondements de démocratie ?
    Au passage, ceux qui ne téléchargent pas (et ils sont nombreux) ne risquent rien du tout.

  • Bertrand 19 mai 2009

    La loi ne favorise pas la création car elle a été rédigée dans l’optique des grosses maisons de disque et notamment Universal. Or à côté du mastodonte, il y a 600 acteurs indépendants qui produisent environ 90% de la création originale. Ce sont eux qui découvrent inlassablement nombres d’artistes qui remplissent les plus grandes salles maintenant. Et ces gens là, s’ils ne sont pas pour le téléchargement, ils ne sont pas pour Hadopi non plus car la loi les a oublié.
    La loi s’attaque au piratage et non pas au développement de l’offre musicale. La loi a été faite pour les quelques gros en oubliant que le marché était principalement constitué par les petits. D’ailleurs l’adoption d’Hadopi est la fin d’une réflexion entamée avec le rapport Olivennes, PDG de la Fnac plus gros distributeur.
    C’est un peu comme la presse où Sarkozy voulait se pencher sur les problèmes de distribution. En France le marché du disque est détenu par quelques grands réseaux, le réseau légal en ligne n’est pas développé, les DRMS on freiné son développement. Au passage, le SNEP, le syndicat pro, a aussi constaté que la place du disque dans les grandes surfaces diminuait ce qui ne devrait pas améliorer sa diffusion. Il demande aussi l’arrêt des DRM et la mise en place de catalogues avec des offres plus vastes.
    Alors oui, la loi est faite pour éviter que les grosses maisons de disques ne perdent trop vite de l’argent, mais pas pour que les jeunes artistes arrivent à se faire connaître. Et ça se saurait si Universal était un découvreur de talent. D’ailleurs les ventes de variétés française ont baissé de 21% contre 16% pour l’international. Moi qui croyait que les jeunes pirates pirataient plus Britney Spears que Cabrel, Sardou ou Jonnhy !
    Ensuite sur la surveillance, Hadopi ne se contente pas de surveiller P2P et en fait personne ne savait trop exactement ce que ferait le logiciel mouchard que tu dois installer pour prouver que tu n’as pas téléchargé illégalement. Maintenant on en sait plus via le projet de loi Loppsi comme l’explique Le Monde : les logiciels espions ou mouchards pourront “accéder à des données informatiques, les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu’elles s’affichent pour l’utilisateur ou telles qu’il les y introduit par saisie de caractère … sans le consentement des intéressés” (http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/05/18/apres-la-dadvsi-et-hadopi-bientot-la-loppsi-2_1187141_651865.html)
    Donc oui de telles lois remettent en cause les fondements de la démocratie et surtout la confiance que nous devons avoir dans notre Etat qui considère par principe que nous sommes tous vilains. Mais bon l’affaire du SMS avait déjà prouvé qu’il y avait surveillance (http://www.generation-nt.com/stephane-abbeville-blague-sms-prison-terrorisme-actualite-734171.html) sans parler de l’affaire TF1-Hadopi qui démontre que l’argumentation contraire n’est plus de mise.
    Enfin va savoir si le fait de ne pas télécharger te protège réellement. Ce serait penser que les clés de protection de nos box Wifi sont fiables à 100%, qu’une connexion internet est protégeable à 100%, qu’une IP est une preuve irréfutable de qui tu es…

  • Flavien Neuvy 24 mai 2009

    Bertrand,
    tu dis « La loi s’attaque au piratage et non pas au développement de l’offre musicale. La loi a été faite pour les quelques gros en oubliant que le marché était principalement constitué par les petits. » S’attaquer au piratage c’est bien l’objectif de la loi. La loi Hadopi n’est pas faite pour découvrir de nouveaux talents.
    Ensuite tu expliques que cette loi est faite pour protéger les intérêts des Majors de la musique (et des artistes sous contrat avec ces compagnies). Je ne vois pas où est le problème sur ce point. J’ai l’impression en te lisant que plus une maison de disques est importante moins elle aurait de droit de faire valoir ses droits, moins elle serait légitime pour se défendre. Je ne comprends pas pourquoi.
    En réalité la vraie est seule question est la suivante : faut-il lutter contre le téléchargement illégal ? Si oui quelles sont les solutions proposées autre que le contrôle et la sanction progressive ?

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