L’économie française se redresse.
Nous sommes en période électorale et les candidats rivalisent d’imagination pour décrire la situation économique de la France. Nous assistons à une surenchère dans le catastrophisme et le déclinisme. Où en est l’économie française et surtout, quelles sont ses perspectives à court terme ?
En 2016, la croissance s’est établie à 1,1% (chiffre non définitif). C’est un peu faible compte tenu du contexte favorable : taux bas, pétrole peu cher et parité euro/dollar moins défavorable. C’est peu mais ce n’est pas nul. C’est peu mais nous ne sommes pas en récession. C’est peu mais l’économie française a créé 191 600 emplois l’an passé, le chiffre le plus élevé depuis 2007. C’est peu mais le nombre de défaillances d’entreprises a baissé. C’est peu mais le taux de chômage a baissé. Bref, notre économie se redresse lentement mais sûrement. C’est peu mais proche de notre croissance potentielle. C’est peu mais notre économie a été freinée en 2016 par les grèves, les attentats et les inondations.
Les enjeux pour l’avenir sont connus. Nous devons faire croître notre croissance potentielle. J’ai eu l’occasion d’évoquer ce sujet récemment.
Pour 2017, les perspectives sont un peu meilleures. Nous devrions avoir une croissance comprise entre 1,3 et 1,5%. L’inflation va se redresser autour de 1% vs 0,3% en 2016 (ce qui éloigne le risque déflationniste). La hausse des prix de l’énergie devrait rester limitée. Le prix du pétrole est coiffé par le pétrole de schiste américain qui redevient rentable autour de 55$ le baril. Les efforts de l’Opep pour faire baisser la production de pétrole sont réduits à néant. Soyons sûrs que Trump va faciliter l’extraction de ce pétrole.
La consommation des ménages (plus de la moitié de notre PIB) devrait rester solide malgré une évolution du pouvoir d’achat moins dynamique qu’en 2015 et 2016.
L’investissement des entreprises ne constituera pas un moteur pour 2017. Dans l’enquête sur les investissements dans l’industrie réalisée par l’INSEE (octobre 2016), les chefs d’entreprises interrogés anticipent une stabilité de leurs dépenses d’investissement par rapport à 2016. Comme l’an passé, celles-ci viseraient en premier lieu le renouvellement des équipements plutôt que l’extension des capacités productives. Rappelons que le taux d’utilisation des capacités de production, bien qu’en augmentation tendancielle depuis deux ans, est toujours inférieur à sa moyenne de long terme.
Enfin, nous pourrions avoir une accélération de la croissance des exportations en 2017 mais la contribution du commerce extérieur à l’activité devrait rester négative (de façon beaucoup moins marquée qu’en 2016). La France ne gagnerait pas de parts de marché à l’exportation. Le déficit de compétitivité de l’économie française reste un problème structurel limitant le dynamisme du commerce extérieur. La politique de l’offre conduite ces dernières années a certes permis une modération des coûts salariaux unitaires (csu), mais cette dernière a été essentiellement affectée à la restauration des marges des entreprises.
Enfin et surtout, le chômage devrait continuer sa décrue même si celle-ci est lente, trop lente, l’inversion de la courbe est une réalité.
Notons que de nombreux aléas sont à prendre en compte. L’aléa politique. Personne ne sait qui va remporter l’élection ni quelle sera la politique économique conduite à partir de mai. L’aléa lié à la sécurité. Les attentats ont eu impact significatif sur l’activité touristique de notre pays en 2016 et la menace est toujours présente.