Affaire Benalla : Gérard Collomb, le fusible ?

C’est le premier vrai scandale auquel est confronté le président de la République. L’affaire Benalla vient de surgir en pleine torpeur estivale, de façon aussi inattendue que violente pour une majorité qui avait réussi jusqu’à présent à éviter les gros pépins.

Sur le fond et sur la forme, l’exécutif a tout faux et donne un angle d’attaque inespéré à une opposition qui n’en demandait pas tant.

Le fond.

Sur le fond, la justice est saisie, elle enquête et il faut attendre qu’elle fasse son chemin. Toujours sur le fond, il paraît invraisemblable que le président de la République ait pu s’entourer d’un individu aussi peu recommandable. Il fut, par exemple, licencié par Arnaud Montebourg après avoir provoqué un accident de la route et avoir voulu prendre la fuite. Toujours sur le fond, les conditions matérielle dont bénéficiait Monsieur Benalla sont sidérantes : voiture avec gyrophare, logement de fonction quai Branly, salaire très élevé. Même si ses fonctions étaient importantes, tout cela paraît disproportionné. Surtout lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui est connu pour avoir des comportements de « Rambo » pour une expression utilisée par des policiers qui ont travaillé avec lui.

 

La forme.

Sur la forme, la gestion de la crise a été calamiteuse. Il paraît de plus en plus clair que le président de la République a voulu protéger Benalla. Les explications apportées par le porte parole de la présidence, Bruno Roger Petit, sont fausses. En effet, ce dernier a déclaré lors d’un point presse que Monsieur Benalla avait été « démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président » avant d’ajouter que, depuis, »il s’est uniquement occupé d’organiser des événements au Palais, à l’exception de deux gros événements: la panthéonisation de Simone Veil et la réception des Bleus ». Or on a appris qu’Alexandre Benalla était bien en déplacement avec Emmanuel Macron les 13 et 14 juillet et qu’il devait s’occuper de la sécurité du couple présidentiel à Brégançon. En clair, c’est un mensonge pur avancé par le porte parole de l’Elysée. Un naufrage en matière de communication.

Par ailleurs, tout indique que le président de la République et le ministre étaient parfaitement informés du comportement du Rambo de l’Elysée le 1er Mai et, de toute évidence, les sanctions prises n’étaient pas à la hauteur.

La sortie de crise.

La sortie de crise passe par une prise de parole d’Emmanuel Macron. Il doit s’expliquer. Mais ses explications et le licenciement de Monsieur Benalla ne suffiront pas. J’ai l’impression que les jours de Gérard Collomb place Beauvau sont comptés. Son audition lundi matin sera cruciale.

La leçon.

Pour le président de la République et la majorité présidentielle c’est un sévère rappel à l’ordre. Un brutal retour à la réalité. Ce qui leur fait le plus mal c’est qu’ils sont pris à leur propre piège de ce fameux « ancien » et « nouveau » monde politique. Oui vous savez, la majorité donneuse de leçons sur beaucoup de points et qui prétendait « moraliser » la vie publique. Avant de donner des leçons, on essaye d’être irréprochable. Emmanuel Macron a pêché par excès de suffisance. Trop sûr de lui. Mais était-ce évitable pour quelqu’un qui a réussi à devenir président de la République à moins de 40 ans, sans l’appui d’un parti politique et en obtenant une large majorité à l’Assemblée nationale ?