Le blocage des prix de l’essence inefficace

C'est l'une des propositions de François Hollande : en cas de victoire le 6 mai prochain, il bloquerait aussitôt pour 3 mois les prix de l'essence. C'est un sujet d'actualité avec la récente flambée des prix du pétrole. Le budget carburant pèse lourd dans le budget des ménages. Du coup, la proposition de François Hollande peut paraître séduisante. Mais en économie, les choses ne sont pas aussi simples. Derrière toute décision, il y a les effets attendus et les effets inattendus et pas forcément visibles. Il faut connaître la structure des prix à la pompe avant toute chose. Le graphique ci-dessous est extrait du site de l'UFIP.

Prix
Les choses sont simples : les prix du pétrole (sur lesquels nous n'avons aucune prise) et les taxes représentent 90% du prix à la pompe. Imaginons que les prix soient bloqués à 1,5 € le litre. Imaginons que durant les 3 mois de blocage, les prix du pétrole grimpent. Que peut-il se passer ? Qui va encaisser le surcoût de la matière première ? L’État en diminuant ses recettes fiscales ? Pas sûr que l’État en ait les moyens. Les professionnels en prenant sur les marges liées à la distribution et au raffinage ? Cela reviendrait à les obliger de vendre à perte en cas de forte hausse des prix du pétrole. Absurde. 

Deux dernières remarques. D'abord, si cette proposition est efficace pour lutter contre la hausse des prix à la pompe, pourquoi limiter la mesure à 3 mois ? Autant le faire de façon définitive. Ensuite, d'autres États ont tenté cette formule par le passé. Hugo Chavez, confronté à une inflation et à la dévaluation du bolivar, a voulu plafonner les prix alimentaires par la passé. Résultat ? Des pénuries épouvantables. Le blocage des prix est une fausse bonne idée.