Comment Sarkozy prépare son retour

Patrick Buisson a dit à propos de Nicolas Sarkozy la chose suivante : "un tigre devient rarement végétarien". Tout est dit. Sa revanche face à Hollande, Nicolas Sarkozy doit y penser et pas seulement en se rasant. Il doit y penser jour et nuit, son entourage également. C'est une bête politique. Il a perdu l'an dernier mais il n'a pas dit son dernier mot et les Socialistes le savent bien. Pour le moment, il tente de se tenir à l'écart de l'arène politique même si de temps en temps il laisse filtrer quelques éléments dans la presse comme ce fut le cas début mars dans Valeurs actuelles. En attendant l'heure de la revanche, Nicolas Sarkozy consulte beaucoup de monde. Il savoure également les sondages qui lui sont favorables. Ainsi, on imagine son plaisir en découvrant que 51% des Français pensent qu'il aurait "plutôt mieux fait" que Hollande. Lire ici. Un autre sondage n'est pas passé inaperçu : si le premier tour de l'élection présidentielle se tenait aujourd'hui, 30% des Français voteraient Sarkozy contre 22% pour Hollande (même niveau que Le Pen). Lire ici.

Les affaires à régler.

Pour autant, tout n'est pas bleu dans le ciel de la Sarkozie. Sa mise en examen dans le dossier Bettencourt est un obstacle dont se serait bien passé l'ancien président. Autre dossier en cours : l'ouverture par le parquet de Paris d'une information judiciaire sur les
accusations d’un soutien financier de la Libye à la campagne
présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Avant de pouvoir envisager un réel retour en politique, il faudra qu'il soit débarassé de ces affaires, or le temps judicaire est long, très long…

Sarkozy ne veut pas de primaires pour 2017.

Il pouvait craindre que son retrait provisoire de la scène politique allait permettre à un autre leader de l'UMP de s'imposer compliquant ainsi son éventuel retour. Tout va pour le mieux de ce côté : le désastre de l'élection interne à l'UMP lui laisse le champ libre, ni Copé ni Fillon n'ont réussi à prendre le dessus. D'ailleurs, quand il reviendra, il n'envisage absolument pas de passer par des primaires qui sont faites, à ses yeux, pour les "médiocres" (citation dans Le Canard enchaîné du 24 avril 2013).

L'entourage au travail.

L'entourage de Nicolas Sarkozy travaille. Brice Hortefeux pilote l'association des "amis de Sarkozy" afin que les militants gardent un contact, même indirect, avec l'ancien président. Par ailleurs, la Droite forte qui revendique haut et fort son "sarkozysme" est arrivée en tête lors de l'élection des motions à l'UMP.

Le piège à éviter.

Le piège à éviter est simple : refuser toute remise en cause. Le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy est un tabou absolu à l'UMP. Pas question de remettre en cause quoique ce soit. Il considère que s'il a perdu c'est à cause de la crise et des médias. A partir de là, pas de débat possible. C'est à mon sens une erreur. François Hollande n'a pas gagné l'élection grâce à une adhésion massive des Français à son projet mais parce Nicolas Sarkozy avait suscité une forme de rejet. Il faut pas être dans le déni.