Le budget 2014 est-il crédible ?

Le gouvernement  a présenté la semaine dernière au Conseil des ministres son projet de loi de finances 2014. Ce budget est-il crédible ? Il convient de souligner en premier lieu les manipulations gouvernementales qui décrédibilisent d’entrée ce budget. La première manipulation concerne la prétendue « pause fiscale » annoncée cet été par le président de la République lui-même. Si l’on tient compte de toutes les hausses prévues pour 2014,  (TVA, baisse du quotient familial, malus automobile…) la facture devrait augmenter de 10 milliards pour les ménages. Une sacré pause fiscale…Face à cette réalité, le premier ministre a reconnu que la « vraie » pause fiscale arriverait en 2015. Rien n’est moins sûr, j’y reviendrai. La deuxième mystification gouvernementale concerne la prétendue « baisse historique des dépenses ». C’est faux, archi faux. Les dépenses devraient passer de 375,4 milliards cette année à 380 milliards l’an prochain. Ce que le gouvernement présente de façon malhonnête comme une « baisse » est en réalité une moindre hausse des dépenses. Il n’es reste pas moins que l’effort est important, il faut le reconnaître. Mais, l’expérience montre que les pouvoirs publics n’arrivent pas à tenir la dépense publique. Cet objectif de moindre hausse des dépenses publiques est peu réaliste. Ce point rend l’objectif affiché des 3,6% de déficit assez difficile à atteindre. Pour le  reste, l’hypothèse de croissance retenue (+0,9%) est réaliste. La France devra lever sur les marchés financiers 174 milliards l’an prochain. La charge d’intérêt est prévue à 46,7 milliards d’euros, ce qui est crédible. Au final, le budget 2014 est plus crédible que celui de l’an dernier (3% de déficit dans la loi de finances 2013, j’avais indiqué dès février que j’anticipais un déficit de 4% sur l’ensemble de l’année 2013, c’est ce qui se passera). Il sera néanmoins difficile à boucler. En réalité, le vrai problème concerne le budget 2015. La France s’est engagée a revenir à 3% de déficit public à partir de 2015. Si la croissance reste sous les 1% (ce qui est le plus probable), je ne vois pas comment le gouvernement pourra à la fois faire une « pause fiscale » et respecter ses engagements en matière de comptes publics.