Message aux abstentionnistes.

C'est la chronique du philosophe Raphaël Enthoven sur Europe 1 au lendemain du 1er tour des élections régionales qui m'a incité à rédiger ces quelques lignes. Je mets la vidéo de son intervention pour celles et ceux qui l'auraient loupée. La charge est violente mais pas dénuée d'intérêt.

 

Il y a eu beaucoup de réactions, en particulier cette lettre ouverte : lire ici. 

Je souhaite répondre à cette lettre ouverte. L'auteur précise d'abord si voter est un droit, l'électeur a également le droit de ne pas voter s'il le souhaite. C'est exact même si dans certains pays le vote est obligatoire. Je préfère néanmoins un système le plus libre possible : on vote ou pas, chacun son choix. Par contre, celui qui ne vote pas choisi délibérément de se mettre en retrait de la vie démocratique de son pays et, du coup, il ne peut plus critiquer les politiques conduites et encore moins se plaindre.

Deuxième argument avancé : les abstentionnistes ne votent pas par "conviction que de toute façon qu'ils y aillent ou pas, rien ne changera dans leur vie". C'est faux. Les politiques ne sont pas les mêmes. Qui peut croire qu'avec une autre majorité élue en 2012 le matraquage fiscal aurait été le même ? Par ailleurs, c'est très (trop) facile de rejeter la responsabilité de cette abstention massive sur l'inefficacité des élus. Raphaël Enthoven le décrypte clairement.

Le troisième argument concerne "l'offre politique (…) qui n'est peut être plus en lien, en accord, en phase avec la réalité de ce que vivent ou de ce à quoi aspirent nos compatriotes". Sur ce point j'ai simplement envie de dire aux abstentionnistes que si les élus ne leur vont pas, ils peuvent toujours s'investir eux-mêmes. Oui ils peuvent le faire facilement. Il n'y a pas tant de volontaires que cela pour se présenter à des élections municipales par exemple. 

Concernant l'avenir de notre pays, chaque citoyen a plusieurs options :

  • être un simple spectateur passif.
  • être acteur en allant voter (même blanc).
  • être impliqué en se présentant à des élections.

Notre République a besoin de citoyens acteurs et impliqués. 

 

2 Comments

  • Guillaume Quintin 9 décembre 2015

    Cher Flavien, (vous permettez?)
    Je vous remercie de citer mon billet et prendre la peine de formuler votre point de vue… En contradiction avec mon billet et avec ce que je crois profondément.
    Vous nous dites tout d’abord que: « celui qui ne vote pas choisit délibérément de se mettre en retrait de la vie démocratique de son pays et, du coup, il ne peut plus critiquer les politiques conduites et encore moins se plaindre ».
    Encore cette vieille antienne de tous les bons démocrates. Je ne joue pas au football, Flavien, ça ne m’empêche pas d’avoir un avis sur l’affaire Benzema, je ne cultive pas la vigne, ça ne m’empêche pas de déguster un bon vin, je ne suis pas écrivain, ça ne m’empêche pas de détester Houellebecq et me régaler de Victor Hugo, ou de Murakami, ET D’AVOIR UN AVIS, le cas échéant de l’exprimer.
    Et il me semble que les abstentionnistes, de ce point de vue, expriment un avis assez clair.
    Comme je l’ai écrit, nous ne pouvons leur nier leur appartenance à la communauté nationale, à la collectivité, à la cité. Ne pas voter ne leur retire pas leur qualité de citoyens.
    Vous nous dites ensuite sur leur prétendue possible conviction de l’inutilité du vote: « C’est faux. Les politiques ne sont pas les mêmes. Qui peut croire qu’avec une autre majorité élue en 2012 le matraquage fiscal aurait été le même ? Par ailleurs, c’est très (trop) facile de rejeter la responsabilité de cette abstention massive sur l’inefficacité des élus. »
    Vous êtes élu vous même, vous n’allez bien sûr pas prêcher le contraire.
    Mais enfin, Flavien, qui peut croire qu’après la séquence 2007/2012, quelque soit le parti au pouvoir, il n’aurait pas eu besoin de recourir, pendant quelques temps, à plus de prélèvements? Qui peut croire, vu le peu de leviers dont dispose l’exécutif, que la situation de la France serait meilleure aujourd’hui avec n’importe qui d’autre aux commandes? Personne!
    Pour la simple et bonne raison que ce ne sont pas les gouvernants qui gouvernent, mais ceux qui les ont fait élire, et qui pour ça achètent à grands coups de millions et de milliards et la presse et toutes les entreprises de communication, de télévision et de téléphonie…
    C’est la finance et le grand capital qui gouvernent, Flavien. Pas Hollande ni Valls, qui par ailleurs n’ont de cesse, avec le petit Macron, d’appliquer une politique ultra libérale.
    Vous nous parlez de matraquage fiscal, voulez vous que nous parlions du CICE, 40 milliards, offert au patronat sans la moindre contrepartie effective? Alors, non, voyez vous, le Peuple de France ne voit pas de différence entre les uns et les autres.
    Concernant le troisième point et l’inadéquation de l’offre politique à la demande des citoyens, j’admire votre réponse, en gros vous nous dites: « si ça ne vous va pas, que ne prenez vous pas vous même les choses en mains ».
    Avez vous idée (oui, vous l’avez) de ce que demande d’investissement de se consacrer aux autres? Pensez vous que ce soit possible lorsque l’on est ouvrier, salarié, artisan, profession libérale, et je ne parle pas des avocats associés de gros cabinets qui attendent les retombées en business de l’engagement de leur champion, non, je parle des médecins de ville smicards, des infirmières, à peine mieux loties, et tous ces gens qui, s’ils « y vont » se retrouvent très vite « sur la paille ». L’engagement politique jusqu’à l’élection n’est malheureusement pas à la portée de toutes les bourses, Flavien. Sans compter que sans l’adoubement d’un parti en place, il n’est pas possible de se faire entendre. Et la « caste » en place fait bien en sorte que les choses restent ainsi. Et je ne parle pas des pressions, y compris physiques, que peuvent subir les quelques uns qui ont parfois l’audace de se lancer quand même…
    Alors non, Flavien, ce n’est pas « facile »…
    Que dire de cette classe politique dont les têtes sont les mêmes depuis 40 ans bientôt? Que dire de tous ces petits arrangements entre amis, parachutages, combines, quand ce n’est pas corruption?
    Que dire de tous ces pantouflards, que l’on recycle au parlement Européens lorsqu’ils ont échoué ailleurs?
    Que dire des ces députés qui votent des lois ou ratifient des traités dont leurs concitoyens, qu’ils sont censés représenter, ne veulent pas, et se plient à des logiques de partis au lieu de défendre les intérêts de leurs administrés?
    Alors vous appelez de vos voeux des citoyens qui soient des acteurs impliqués… souffrez, Flavien que, pour le moment, ils attendent leur heure sans se compromettre dans ce qui ressemble de plus en plus à une mascarade.
    Belle journée à vous,
    G.Q.

  • Flavien Neuvy 12 décembre 2015

    Cher Guillaume,
    c’est un débat intéressant mais autant vous le dire tout de suite, vous aurez beaucoup de mal à me convaincre.
    D’abord, et je ne l’ai pas écrit dans mon court texte, la possibilité de choisir celles et ceux qui vont diriger nos régions, nos villes, notre pays…n’est pas donnée à tous les peuples de la terre. Je ne suis pas sûr que celles et ceux qui subissent un régime totalitaire auraient les mêmes pensées que vous sur l’abstention. Mais l’essentiel n’est pas là. Je vous le redis : en choisissant de ne pas voter, vous vous placez du côté des spectateurs de la vie politique de notre pays. Alors bien sûr, cela ne vous empêchera pas d’avoir une opinion sur telle ou telle chose mais vous êtes spectateur. Je reconnais que cette position peut-être confortable : on ne choisit jamais, on ne se trompe jamais.
    Ensuite, contrairement à ce que vous pensez, les politiques peuvent être différentes. Me concernant, j’ai clairement affiché ma vision de la fiscalité et j’ai pris des engagements clairs pendant la campagne des municipales : pas d’augmentation d’impôts. Beaucoup de villes proche de Cébazat dont je suis Maire ont augmenté et vont encore augmenter l’an prochain les impôts locaux. Les politiques conduites ne sont pas les mêmes, personne ne peut le contester.
    Enfin, concernant l’engagement politique. Là encore, vous ne pourrez pas me convaincre. Vous dites que « ce n’est pas facile » de se lancer en politique. Je vous le confirme mais rien n’est facile dans la vie. Et une fois élu c’est également très difficile. A l’inverse, c’est tellement facile de dire en permanence (pas vous mais c’est le discours ambiant) que les politiques sont tous nuls, incompétents, et qu’ils ne pensent qu’à eux. C’est faux et cela contribue à faire le populisme.
    Bien à vous.

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