Les 3 principaux enseignements du CES 2022

Le CES 2022 vient de se terminer et malgré les perturbations engendrées par la crise sanitaire (moins d’exposants et moins de visiteurs), de nombreux enseignements sont à tirer de cette édition.

Mobilité : la révolution électrique redistribue les cartes.

Le premier gros enseignement concerne la mobilité et ce qu’implique la révolution électrique en cours. On le sait, pour respecter leurs engagements internationaux en matière de réduction des émissions de CO2, les Etats durcissent les réglementations à respecter sur les émissions de CO2 et de polluants locaux. D’ici 15 ans, les voitures thermiques seront interdites dans nombre de métropoles et sûrement même interdites dans certains pays. Après avoir longtemps hésité et surtout après le dieselgate, les constructeurs ont compris qu’ils n’avaient plus le choix : ce sera l’électrique ou le déclin. Et c’est une nouvelle page de l’industrie automobile qui s’ouvre sous nos yeux. La bataille entre constructeurs sera intense et se jouera à coup de dizaines de milliards de dollars d’investissements. Mais à la fin de ce CES, un constat s’impose : l’électrification et l’autonomisation des voitures redistribue beaucoup plus largement les cartes. Sony a, par exemple, annoncé la création de Sony Mobility Inc et en a profité pour présenter un nouveau concept-car nommé Vision-S 02. C’est un SUV électrique 7 places. En clair, Sony va devenir un constructeur automobile avec de grandes chances de réussite. L’abandon des moteurs thermiques fait tomber des barrières à l’entrée. Par ailleurs, l’insolente trajectoire de Tesla a donné des idées à tous les géants de la tech. Il y aura donc de nouveaux constructeurs automobiles issus de grandes entreprises ayant des marques mondialement connues. Mais ce n’est pas tout. La voiture de demain sera de plus en plus autonome, de plus en plus connecté et donc de plus en plus équipée de composants électroniques en tous genres. Et cela aiguise les appétits d’autres géants de la tech. A ce titre, la keynote de Qualcomm était représentative des ambitions nouvelles des géants de la tech dans la mobilité. L’entreprise américaine a profité du CES pour annoncer qu’elle allait fournir les architectures électroniques des prochains modèles de Volvo, HondaetRenault. Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas là puisque Qualcomm vient de procéder à l’acquisition d’Arriver, une filiale de l’équipementier suédois Veoneer qui développe une plateforme d’assistance à la conduite. Un équipementier télécom devient progressivement un acteur incontournable de la mobilité. Ces quelques exemples illustrent bien les mutations en cours dans un secteur qui va connaître plus de bouleversements au cours des prochaines années qu’au cours des 50 dernières.

La French Tech en force

Le deuxième enseignement que je retiens de Vegas 2022 concerne la force de la Frech Tech. Sur ce salon, la France a été le deuxième pays le plus présent, avec plus de 130 entreprises de la French Tech à Las Vegas. D’ailleurs, Karen Chupka, vice-présidente du CES, ne s’y est pas trompé puisqu’en amont du salon elle avait affirmé que la French Tech était la délégation « la plus attendue pour cette édition ». Plus intéressant encore, très peu d’entre elles ont annulé leur présence au salon pour cause de rebond épidémique. Être présent au CES, c’est l’assurance d’avoir une couverture médiatique importante. De très nombreux secteurs étaient couverts par nos start-up : objets connectés, divertissement, bien-être, mobilité, cybersécurité, robotique, cryptomonnaies, eSport, gestion de la data…Cette bonne santé de la tech française s’est traduite en 2021 par une année record concernant les levées de fond avec plus de 10 milliards d’euros récoltés. Les fintechs ont levé à elles seules 2,3 milliards. Là encore, un record a été battu. Aujourd’hui, la French Tech compte 23 licornes actives. Ces entreprises valorisées plus d’un milliard de dollars sont une chance pour la France. Très peu de pays peuvent compter sur une dynamique aussi forte sur des secteurs d’avenir. Tout l’enjeu sera pour ces start-up de franchir les paliers pour passer du statut de jeunes pousses prometteuses au statut de géants mondiaux.

Quelques déceptions.

Le dernier enseignement est lié aux effets déceptifs qu’engendrent des conférences de presse durant lesquelles aucune annonce majeure n’est faite. Ce fut le cas par exemple pour Hyundai ou Samsung. Bien sûr, il y a eu toujours des choses intéressantes à voir ou à entendre lors de ces keynotes. Mais on est loin des attentes forcément élevées lorsque l’on est au CES de Las Vegas. Autre grosse déception lors de la conférence de presse de General Motors : Mary Barra, la directrice générale, a fait son intervention devant une salle pleine à craquer mais…elle n’était pas présente physiquement. C’est à travers un film qu’elle a fait passer ses messages clés. On retiendra la présentation du nouveau pick-up électrique Silverado EV mais venir à Vegas pour se retrouver devant un écran de cinéma afin de suivre une présentation, cela fait tout drôle. A l’avenir, le CES devra lui aussi penser à se réinventer pour donner envie à celles et ceux (entreprises et visiteurs) qui ne sont pas venus cette année de revenir lors des prochaines éditions.