Une croissance plus forte que prévu au deuxième trimestre ? Une fausse bonne nouvelle pour François Hollande.

A première vue, c’est une divine surprise pour François Hollande. La
croissance  a été de 0,5% au deuxième trimestre de cette année. C’est
nettement supérieur aux prévisions des économistes qui tablaient en moyenne sur
une hausse de 0,2%. Cette nouvelle publiée le 14 août par l’Insee a suscité de
nombreuses réactions enthousiastes du côté du gouvernement. Le premier ministre
s’est lui-même empressé de dire que « ces
bons chiffres n’étaient pas dus au hasard » et qu’ils « confortaient
la stratégie du gouvernement ».

En pleine torpeur estivale, les Socialistes n’ont pas pu s’empêcher de crier
victoire ce qui n’est pas étonnant. Un autre gouvernement aurait fait de même.
Mais en réalité, cette croissance supérieure aux attentes pourrait se
transformer en piège redoutable pour François Hollande, et ce pour au moins 3
raisons.

D’abord, elle renforce le camp de ceux qui, au sein du PS, se battent contre
la « rigueur » afin de « ne pas casser la croissance ». Du
coup, François Hollande pourrait être tenté de stopper l’effort en matière de
réduction des dépenses publiques. Ce serait une erreur dramatique qui pourrait
avoir des conséquences sur le coût des emprunts d’État. D’ailleurs, même si
personne n’en parle, la remontée des taux est assez spectaculaire. L’OAT 10 ans
est passée de 1,7% début mai à 2,53% aujourd’hui. Le moindre relâchement dans
la gestion des comptes publics ne pourrait qu’accélérer cette tendance avec des
conséquences fortes sur le budget de l’État. Je rappelle que la charge des
intérêts de la dette représente environ 50 milliards d’euros par an. Ce serait
d’autant plus désastreux que, pour le moment, la baisse des dépenses publiques
n’a même pas commencé. En effet, à fin juin 2013, les dépenses de l’État
atteignaient 196 milliards d’euros (191 milliards hors dépenses
exceptionnelles) contre 185 milliards l’an dernier à la même époque. On le
voit, la baisse des dépenses publiques promise par François Hollande est loin
d’être au rendez-vous.

Mais ce n’est pas tout. Quand on regarde le détail des chiffres de la
croissance au deuxième trimestre, on se rend compte que le rebond est très
fragile. En effet, c'est la consommation des ménages qui a tiré le PIB vers le
haut. Or, c'est la hausse des dépenses d'énergie (+2,4%) liée à un printemps
plus froid que l'an dernier qui explique en grande partie le rebond de la
consommation des ménages. Ceci ne traduit pas un appétit de consommation
retrouvé. La réalité, c'est qu'avec un pouvoir d'achat qui reste orienté à la
baisse, un chômage qui reste orienté à la hausse, les Français restent très
prudents et préfèrent épargner.

Dernier point mais le plus important sans aucun doute : malgré ce rebond de
l'activité au deuxième trimestre, il y a eu sur la période 27 800 destructions
de postes principalement dans les secteurs marchands. Nous le savons, pour
inverser la courbe du chômage, il faut une croissance minimale de 1,5% par an.
L'activité reste trop faible pour que François Hollande tienne durablement sa
promesse d'inversion de la courbe du chômage.